Chargée de cours de philosophie à l’université, l’auteure jeunesse Cécile Alix, se consacre aussi à l’enseignement du théâtre en milieu scolaire et en ateliers de rue, à la pédagogie sociale, à l’écriture de théâtre…. Son site, c’est ici: homoscribanus.blogspot.fr
CÉCILE ALIX: Ma mère me déposait à la bibliothèque chaque mercredi. Là, je devenais ogresse: je piochais les livres sur les étagères – pas forcément de littérature jeunesse – et je les dévorais dans un coin! Des récits de voyages de Paul-Émile Victor aux aventures de Fifi Brindacier, des BD de Peyo aux romans de Joffo, Kessel, Sabatier, Renard… Et le théâtre de Molière, et les bouquins de Vialatte, Queneau, Prévert… Tant et tant de livres! Ils étaient mes plus chers amis.
AMÉLIE RAUD: Quel cheminement vous a amenée à devenir auteure?
CÉCILE ALIX: De lecture en lecture, de poème en poème, de rêve en rêve, d’idée en idée… Autant de ricochets qui m’ont menée de l’envie à la réalité d’écrire. Enfant, je voulais être poète…
AMÉLIE RAUD: Qu’est-ce qui vous anime dans l’écriture pour le jeune public?
CÉCILE ALIX: Le vaste champ des possibles… et le vaste chant des possibles; le regard des lecteurs, leur sincérité, leur générosité et leur exigence; écrire des alexandrins au cœur d’un texte en prose, qu’un enfant y soit sensible et me dise: «J’aime quand il y a de la poésie.»
AMÉLIE RAUD: Il n’y a pas forcément de thèmes récurrents dans votre œuvre mais on ressent effectivement dans vos textes un attachement à la langue, aux mots, aux sonorités…
CÉCILE ALIX: Il n’y a pas de thèmes récurrents, parce qu’il n’y a pas vraiment d’ «œuvre»! [Sourires] Et absolument tout m’intéresse, c’est peut-être la raison aussi! Quant à la langue, je suis attachée à sa richesse, à la diversité du vocabulaire. Trouver les mots justes, c’est pouvoir nuancer sa pensée, se couler avec celui qui nous lit, dans une atmosphère, un décor, un personnage… Je trouve réjouissant de faire chanter les sons. J’essaie de donner à écouter et à ressentir autant qu’à lire… Pour moi, écrire, c’est aussi regarder, entendre, toucher, goûter, respirer, éprouver, et le transmettre grâce à des mots. C’est le langage des sens.
AMÉLIE RAUD: Quels sont vos prochains titres à paraître… et vos projets littéraires?
CÉCILE ALIX: Cette année, il y aura des albums pleins d’humour pour les plus jeunes, un conte inspiré par la grotte Chauvet et un roman junior dont le héros est confronté à la perte d’un être cher… Et puis en ce moment j’écris un roman qui traite de sujets assez graves: les dangers de la rumeur, le regard parfois dur que l’on porte sur celui qui n’est pas «normal», l’erreur judiciaire. Et puis je voudrais reprendre un roman partiellement écrit que je destine aux adolescents. Il raconte l’animalité de l’homme face au danger, à la solitude et à la peur. Je rêve également d’écrire un roman fantasy, j’ai les idées, l’univers, les personnages, mais je n’ose pas me lancer! Et je voudrais aussi m’amuser avec des livres de jeux de langage, des petits Oulipiens! Enfin j’ai également un projet d’ouvrage plus pédagogique sur l’enseignement en classe U.L.I.S. – le handicap, même si je l’ai encore peu abordé dans mes livres, est un sujet qui me concerne et me tient à cœur..
AMÉLIE RAUD: Vos chantiers et projets sont nombreux! Comment arrivez-vous à concilier votre métier à plein temps, vos diverses passions, votre vie de famille et l’écriture?
CÉCILE ALIX: En dormant peu! Mais l’écriture devient peu à peu mon métier à plein temps…
Propos recueillis par Amélie Raud et Benoît Herninguez, librairie La Courte Échelle à Rennes