Amélie Léveillé : «Avec la collection Pont des arts, nous privilégions des œuvres narratives, riches d’images figuratives ou abstraites.»

  • Publication publiée :27 août 2017
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Amélie Léveillé, éditrice de la collection Pont des arts
L’art est une thématique emblématique du catalogue d’Élan vert: dès sa création, en 1998, l’éditeur a par exemple publié Raconte-moi les peintres. La collection Pont des arts est, elle, le fruit d’une rencontre en 2006 avec Hélène Kérillis, une auteure passionnée d’art et qui avait déjà écrit des fictions à partir de peintures. L’envie naquit alors d’inviter un illustrateur à apporter, à une histoire contée, son propre regard sur l’œuvre choisie et par ailleurs présentée à la fin de l’ouvrage avec une partie documentaire. Faustine Haspel Laurent (librairie Le Liseron) a rencontré l’éditrice, Amélie Léveillé, et l’auteure de l’album Les deux colombes, Géraldine Elschner.


FAUSTINE HASPEL LAURENT: Considérez-vous les ouvrages de cette collection comme des documentaires ou des histoires?
AMÉLIE LÉVEILLÉ: Comme des histoires! Pont des arts propose une approche sensible des œuvres par la fiction; le récit illustré véhicule des émotions et crée ainsi une complicité entre le lecteur et l’œuvre. Nous n’abordons pas l’œuvre dans son contexte, ce qui serait la démarche d’un documentaire. Pont des arts est une collection récréative qui permet de s’ébattre dans de beaux albums, avec des histoires fortes et des illustrations nourries des œuvres d’art qui les ont inspirées.


Qu’est-ce qui vous amène à choisir telle œuvre plutôt que d’autres?
L’équipe choisit les œuvres avec un regard d’éditeur jeunesse, et ce choix est intimement lié à la fiction. Nous privilégions des œuvres «narratives», riches d’images dans les styles figuratif ou abstrait. Les œuvres abstraites sont des fenêtres sur l’imaginaire qui conviennent parfaitement aux plus petits. Notre ambition actuelle est d’ouvrir Pont des arts à toutes les formes artistiques: photographie (Doisneau), musique (Vivaldi), sculpture (Camille Claudel), littérature, cinéma, arts du spectacle, patrimoine, design, arts numériques…


Comment choisissez-vous les auteurs à qui vous «confiez» ces oeuvres?
Nos auteurs sont des passionnés d’art, avec chacun son petit musée de cœur. Au fil des rencontres, des échanges, les œuvres sont «confiées» aux auteurs qui ont souvent déjà des embryons d’histoires attachées à certains tableaux. Lorsque nous avons proposé à Géraldine Elschner de travailler sur Franz Marc, elle a répondu «oui, il est chez moi depuis toujours». Vivant en Allemagne, sa fille travaillait sur ce peintre pour un projet de toute une année et la maison était pleine de livres sur lui! La fréquentation au quotidien de ce bestiaire flamboyant lui avait ainsi inspiré une histoire…


Et pour l’illustrateur, en quoi sa technique et son style sont-ils déterminants quant à son choix pour tel ou tel artiste, telle ou telle oeuvre?
Il y a souvent un lien visuel entre les univers de l’artiste et de l’illustrateur. Il peut être manifeste, comme entre Élise Mansot et Chagall. Le plus souvent, nous le soupçonnons et l’enthousiasme de l’illustrateur nous conforte dans notre choix: le trait sûr de Zaü pour Picasso, l’univers foisonnant de Lucile Placin pour Arcimboldo. Et puis il y a des illustrateurs caméléon qui, chacun selon sa sensibilité, créent des liens avec l’univers de l’artiste et «interprètent» l’œuvre: Stéphane Girel, Vanessa Hié, Anja Klauss…

Propos recueillis par Faustine Haspel Laurent, Librairie Sorcière Le Liseron à Mulhouse