Le numéro 81 de Citrouille arrive sur le Salon de Montreuil et dans les Librairies Sorcières !
Au sommaire : Avec nous la lecture c’est pas sorcier ! (p. 3), Folio Cadet, 25 incontournables! (p. 3 à 9), François Place en Folio Cadet (p. 10), Le coup de coeur d’Albin Michel Jeunesse (p. 12), Le coup de coeur de PKJ. (p. 14), Quand Le port a jauni traduit pour tisser (p. 16), Dans l’atelier de Gerda Muller (p. 18). Les coups de coeur des Librairies Sorcières, et des rencontres avec les éditions La Pastèque (p. 27), Michaël Escoffier (p. 30), Loïc Clément (p. 39), Yann Fastier (p. 43), Adrien Albert (p. 51), Michael Morpurgo (p. 55). – Illustration de couverture : François Place
Avec nous la lecture c’est pas sorcier !
Cette assertion veut tout dire. Il est donc admis que dans la production pléthorique pour la jeunesse d’aujourd’hui tous les livres ne se valent pas, et plutôt que de ne rien lire, acceptons de lire même si nous ne sommes pas convaincus. J’explique souvent à mes clients qu’il vaut mieux relire dix fois un bon livre que dix d’une matière sans substance.
Les jeunes lecteurs se découragent justement parce qu’ils ne trouvent pas de contenu consistant dans les ornières toutes tracées d’un système qui veut nous faire consommer des produits sans goût, sans saveur, lisses voire nuisibles pour les êtres en formation et vulnérables que sont les enfants.
Notre société tend à nous faire croire que, par de simples clics, des boutons peuvent satisfaire nos besoins sans aucun effort. Mais c’est un leurre. Construire une pensée, se confronter à des idées, demande que l’on se penche avec beaucoup d’assiduité sur une variété de supports. Le libre arbitre découlant de ses multiples lectures. Presse, essais mais aussi littérature, bandes dessinées…
Qu’en est-il aujourd’hui de ces petites filles qui ne jurent que par La reine des neiges et toutes les déclinaisons mercantiles qui en découlent ? De ces petits garçons condamnés à la réussite coûte que coûte par des superhéros? De ce monde où, selon son sexe, l’on existe que parce qu’on est belle ou fort?
Croyant faire plaisir, les adultes enferment les enfants dans ces rôles sexistes, en enfonçant un clou toujours plus profond, en oubliant tous les champs du possible d’une production littéraire et artistique d’une qualité exemplaire.
Ne nous y trompons pas, lorsqu’on parle aujourd’hui de la bonne santé du secteur jeunesse, il faut entendre que les succès commerciaux, à quelques exceptions près, sont ceux d’une production liée aux licences et massivement présente dans la grande distribution. Des ouvrages souvent sans grand intérêt littéraire ou artistique.
La littérature, tout autre, que nous soutenons dans nos librairies, ne touche en vérité — à notre grand regret et même si nous nous débattons pour la rendre accessible au plus grand nombre — que des parents convaincus, curieux et soucieux de donner à leurs enfants les bonnes vitamines cérébrales. Et pourtant nous restons sûrs qu’elle reste à la portée de tous, sans différence de sexes, de milieux sociaux et culturels.
Que celles et ceux qui se reconnaissent dans ces postures réalisent que l’enfant construit son esprit critique dans la diversité de ses lectures et la qualité de ses contenus.
Cette littérature de qualité que nous défendons, nous la voulons pour toutes et tous et à tous les âges. Ce magazine que nous offrons à nos clients, et plus large- ment dans tous les lieux de culture où nous agissons, ce magazine où nous présentons les ouvrages que nous avons lus et choisis pour que chaque enfant puisse y trouver son compte, ce magazine est un lien précieux avec vous. Il affirme notre diversité, notre engagement et surtout notre indépendance dans le partage de ce plaisir irremplaçable qu’est la lecture.
Patricia Matsakis, Présidente des Librairies Sorcières