[Brésil] L’arbre à l’envers – lu par la librairie Rêv’En pages de Limoges


Avec L’arbre à l’envers, c’est bien dans le pays de son enfance que Pauline nous convie. Paulo, 11 ans assiste à l’enterrement de Vovô Arthur. « Vovô » ça signifie papi ou pépé en portugais. L’enfant est le spectateur attentif de ce cérémonial dont les symboles lui échappent. Tout comme les comportements des uns et des autres, étrangers ou familiers, qu’il a bien du mal à interpréter. Surtout il se questionne sur ses propres sentiments et sur ces larmes qui ne viennent pas. Et puis, il doit faire face à un autre événement : l’arrivée imminente de son petit frère et le départ de sa mère pour la maternité. C’est donc en compagnie de Vovò Elisa (attention à l’accent sur le « o ») et de Jade, sa petite cousine, que Paulo va passer cette journée pas comme les autres. Au cours d’une partie de cache-cache avec Jade, Paulo entre pour la première fois dans le bureau de son grand-père, celui-là même ou Vovô Tuc (diminutif d’Arthur) pouvait s’enfermer des heures durant, accaparé par une bien mystérieuse affaire. Et là, parmi une collection d’objets qui lui rappellent toutes les légendes captivantes narrées par son grand-père, peuplées d’indiens, de pirates et de chevaliers, Paulo va remonter le temps et le long cours d’une l’existence, à travers les branchages d’un arbre étrange. Un arbre à l’envers…

L’arbre à l’envers est un livre aux entrées multiples. Avec des mots qui sont comme des images, Pauline nous emmène à la source de ses racines et de son histoire. Et on ne peut s’empêcher d’apercevoir derrière le questionnement de Paulo, l’ombre de la jeune Pauline. À la fois présente et détachée, l’auteure devient notre guide touristique, nous interpellant au fil du roman sur les nuances de langue portugaise, commentant les us et coutumes, la géographie, la faune et la flore du Brésil. Teinté d’humour et empreint d’une émotion palpable, ce livre aborde la question du deuil avec une poésie et une philosophie qui en fait un roman atypique, à la fois dans sa construction, mais aussi dans cette étrange manière de nous prendre par la main, pour un voyage intimiste au cœur de cette famille, touchée par le deuil du grand père dont l’ombre bienfaisante plane sur sa descendance. Mais si elle nous serre parfois le cœur, Pauline a la plume si douce, qu’elle se garde bien de sombrer dans le pathos. Bien au contraire, ce livre est un hymne à l’amour et à la vie, une bien jolie façon de parler de la mort et de la transmission aux enfants et une invitation à découvrir d’urgence le Brésil, et la bossa nova !

La play-list de Pauline : Àguas de março, Elis Regina et Tom Jobim, Chega de saudade, João Gilberto, Wave, Tom Jobim, et plus si affinités.

Cyril M., librairie Rêv’en pages à Limoges

Une première édition de ce texte a paru en portugais du Brésil chez Companhia das Letras, sous le titre A porta estava aberta.



L’arbre à l’envers

Hachette, 2013

Pauline Alphen est née en 1961 à Rio de Janeiro d’un père français et d’une mère brésilienne et a passé sa vie entre la France et le Brésil. Le mélange de ses deux cultures et ses voyages la conduit à des études de journalisme et d’histoire, qu’elle a effectuées au Brésil. Elle devient ensuite traductrice et auteure. De retour en France en 1988, elle publie en 2004, Le Journal d’un enfant aujourd’hui au Brésil. Depuis elle n’a cessé de nous enchanter et notamment avec sa série Les éveilleurs, mais aussi Gabriel et Gabriel, L’arbre à l’envers et plus récemment L’odalisque et l’éléphant illustré par Charlotte Gastaut.