«Ça m’a valu un certain nombre de lettres des parents!» – une interview de Pierre Perret

  • Publication publiée :18 juillet 2016
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Le premier article du n° 1 de Citrouille, en avril 1992, donnait la parole Pierre Perret, à propos de son Petit Perret des fables, d’après Jean de La Fontaine [épuisé], et pour lequel le poète chanteur recevait alors des lettres de protestation de parents – comme quoi le phénomène n’est pas nouveau….

CITROUILLE : Pourquoi cette réactualisation des Fables de La Fontaine?
PIERRE PERRET :
Mes fables sont un détournement frauduleux. Quand on m’en a proposé l’idée, j’ai hésité avant de me lancer. Puis j’ai réécrit dix fables en déplaçant les morales. Certaines étaient trop dures à mon goût… J’ai redressé la barre à ma façon. Aujourd’hui les enfants connaissent parfois mieux mes fables que celles de La Fontaine… Ce qui les fait rire par dessus tout, c’est bien entendu de prononcer des mots interdits à l’école…

CITROUILLE : On vous a cassé les pieds avec La Fontaine à l’école?
PIERRE PERRET : Pas du tout. J’adorais ! J’ai appris beaucoup de ses fables, notamment à 14 ans, en classe de Comédie au Conservatoire.

CITROUILLE : Quelles ont été vos autres lectures d’enfant ?
PIERRE PERRET : Plus jeune, j’ai beaucoup aimé Alphonse Daudet, Marcel Aymé, Frédéric Mistral. Et, en même temps, je dévorais les albums des Pieds Nicklés et les aventures de Tarzan… Et puis j’ai lu Alphonse Allais, Pierre Dac et d’autres humoristes. Pour tous les fous, j’étais partant !

CITROUILLE : Avez-vous fait l’école buissonnière pour terminer un livre qui vous passionnait?
PIERRE PERRET : Jamais. J’étais un enfant obéissant, et l’école me plaisait assez… Surtout les dictées et les rédactions. J’avais l’imagination fertile. Peut-être grâce à mes lectures.

CITROUILLE : Comment définissez-vous un bon livre pour enfants?
PIERRE PERRET : Un livre qui divertit tout en abordant des choses qui peuvent être graves. Ma chanson Lily, reprise en album pour enfants, parle du racisme sur le mode humoristique. Il faut varier les tons, être tour à tour tendre, sérieux, drôle… Beaucoup de mes chansons que je destinais aux adultes se retrouvent ainsi récupérées par les enfants. J’avais conçu La Cage aux oiseaux comme un symbole de liberté. Mais les mouflets ont pris les paroles au pied de la lettre et ont ouvert les cages… Ça m’a d’ailleurs valu un certain nombre de lettres de leurs parents!

CITROUILLE : Quel livre offririez-vous à un enfant?
PIERRE PERRET : Les contes du Chat Perché. Un beau cadeau….

Propos recueillis par Murielle Boudy1992