JiHyeon Lee est née et vit en Corée du Sud, où elle a étudié l’art, le graphisme et l’illustration. La piscine est son premier livre. Il a été publié en France par les éditions Kaléidoscope. Cécile Panou (librairie Tire-Lire à Toulouse) a interviewé l’auteure illustratrice… et traduit ses réponses pour vous.
CÉCILE PANOU: Où avez-vous trouvé l’inspiration qui vous a amenée à écrire cette expérience de piscine faisant écho au Pays des Merveilles?
JIHYEON LEE: Il y a quelques années, je suis allée à la piscine pour la première fois depuis longtemps. Je ne savais pas nager, mais voulais me lancer le défi de le faire sans bouée, ni gilet de sauvetage. J’ai flotté allongée, le visage dans l’eau, et une sensation incroyable a aussitôt fait frémir tout mon corps. Je pouvais bouger librement dans l’eau, en toucher «l’intérieur». Je découvrais un très large monde de sérénité que je n’avais jamais vu auparavant. À l’opposé, la surface de l’eau était surpeuplée de nageurs. À ce moment précis, j’ai imaginé quelqu’un ressentant la même sensation, il ou elle nageant entre les jambes des autres nageurs. Cette scène de la piscine m’a parlé. Et c’est ainsi que le Pays des Merveilles a commencé…
Vos poissons semblent effrayants, mais ils sont pleins d’humour: poissons-licornes, poissons-araignées, poissons portant des couettes… C’est une forme de mythologie. Aviez-vous déjà ces images en tête avant d’écrire cette histoire ou bien ces créatures aquatiques vous sont-elles apparues pendant la création de l’album?
Pendant que je travaillais sur ce livre, j’ai pu explorer ce que j’avais dans la tête… et ces créatures aquatiques ont été une de mes découvertes! Je n’avais pas l’intention de dessiner des créatures imaginaires au départ. Je voulais juste exprimer l’expérience du monde découvert par les personnages principaux. Et, oui, ces créatures aquatiques imaginaires sont apparues pendant que je créais ce livre. Je crois qu’elles sont le reflet de mon sens de l’humour et de ma névrose. Finalement, il est presque essentiel que mes créatures poissons soient mythiques… Comme les créatures mythologiques sont le résultat de la façon de penser des anciens, mes créatures proviennent de mon monde intérieur…
Le garçon et la fille de l’histoire semblent danser et voler dans vos illustrations. Avez-vous passé du temps à observer les danseurs et les oiseaux avant de les dessiner ainsi?
On ne m’a jamais posé cette question, et je suis ravie que vous le fassiez! J’ai tant voulu donner cette illusion du garçon et de la fille en train de danser. Mon cœur s’emballe quand je vois la beauté créée par les danseurs. Les plongeurs aussi le font battre: ils semblent si libres, comme s’ils nageaient dans l’univers. Je ressens une sorte de catharsis quand je dessine l’énergie, le rythme et les courbes créés par les mouvements des corps de mes personnages.
Les regards ont beaucoup de sens dans votre travail. Celui avec l’œil géant, celui entre le garçon et la fille à la fin du livre… Ils sont remplis de bienveillance et de tendresse. Est-ce pour vous une façon de rassurer les enfants au cours de leur voyage imaginaire au fond de la piscine?
Je n’ai pas cherché à rassurer les enfants qui liraient mon livre. J’ai juste voulu exprimer ce que je ressentais, ce que la petite fille à l’intérieur de moi souhaitait: croiser le regard des autres. Mais cela peut sans doute effectivement apporter un grand réconfort aux lecteurs.
Êtes-vous en train de préparer un nouveau livre?
Oui, à propos d’une petite porte croisée au coin d’un square, en voyage. Elle ne semblait pas avoir été utilisée et personne ne semblait s’y intéresser. Je suis en train d’imaginer et de travailler à partir de cette porte…
Propos recueillis et traduits par Cécile Panou, librairie Tire-Lire à Toulouse
Éd. Kaléidoscope – 14 € – Album
Un petit garçon s’est équipé pour plonger dans une grande piscine. Il hésite quand une foule excitée le devance pour prendre toute la place dans le bassin. Timidement, il s’avance et enfin plonge dans l’eau. Une petite fille le remarque et le rejoint dans les profondeurs. Là, un magnifique univers de plantes aquatiques et autres poissons s’offre à eux… Une douce poésie se dégage des illustrations crayonnées. Le trait de JiHyeon Lee rappelle celui d’Isabelle Simler. On retrouve l’enchantement que peuvent produire certaines planches. Et l’on ne peut résister à ce plongeon en profondeur qui nous détache de la brutalité de l’environnement pour nager en plein univers féerique. Que de tendresse dans l’œil du bélouga! – Librairie Tire-Lire
Un petit garçon s’est équipé pour plonger dans une grande piscine. Il hésite quand une foule excitée le devance pour prendre toute la place dans le bassin. Timidement, il s’avance et enfin plonge dans l’eau. Une petite fille le remarque et le rejoint dans les profondeurs. Là, un magnifique univers de plantes aquatiques et autres poissons s’offre à eux… Une douce poésie se dégage des illustrations crayonnées. Le trait de JiHyeon Lee rappelle celui d’Isabelle Simler. On retrouve l’enchantement que peuvent produire certaines planches. Et l’on ne peut résister à ce plongeon en profondeur qui nous détache de la brutalité de l’environnement pour nager en plein univers féerique. Que de tendresse dans l’œil du bélouga! – Librairie Tire-Lire