Nadia Gibert a été éditrice de Jirô Taniguchi pendant plus de vingt ans. Voici son témoignage sur cette belle relation professionnelle :
« J’ai eu la chance, le plaisir et l’honneur de travailler d’abord sur les livres de Jiro Taniguchi depuis L ‘homme qui marche jusqu’à sa dernière création, Elle s’appelait Tomoji, soit plus de vingt ans à lire et relire ses albums avec toujours la même émotion. Ensuite j’ai rencontré l’homme et, au fil des ans, une véritable complicité s’est installée entre nous. Nos rendez-vous réguliers à Tokyo, à Paris ou en Italie nous ont permis de construire une relation basée sur l’écoute, la confiance, l’échange. Lors de ces rencontres nous parlions de tout, de ce qui se passait à Paris ou à Tokyo, des romans que nous avions lus, des derniers films vus, des bandes dessinées françaises qu’il avait lues sans en comprendre le texte. Tout ceci grâce à la traduction de Corinne Quentin. Les après-midi s’écoulaient ainsi durant lesquels j’oubliais que j’étais son éditrice, tout entière à nos conversations. S’en suivait un dîner auquel Louis Delas nous rejoignait et nous étions repartis pour quelques heures, où les éclats de rire figuraient au menu.
Il me reste un regret, que partage sûrement Louis Delas, c’est celui d’avoir reporté l’invitation de Jirô Taniguchi à l’accompagner dans un endroit du Japon qui lui tenait à coeur. Il voulait nous faire partager sa passion des bains et avait, je crois, l’envie secrète de rendre Louis plus zen ! Il nous fallait plus de temps, mais surtout, prendre ce temps qu’il décrit si bien dans ses albums et rallonger notre séjour de trois jours. Trois jours, que nous n’avons pas su prendre.
Nadia Gibert, éditrice