Cinq degrés de trop – lu par la librairie Voyelles des Sables d’Olonne

Au moins depuis Les Cavernes d’acier d’Isaac Asimov, on sait que science-fiction et policier peuvent faire bon ménage, même si la littérature jeunesse n’en fournit encore que peu d’exemples, au premier rang desquels le Felicidad de Jean Molla et les enquêtes de Laure-Gisèle Beffroy alias Logicielle. Au début de ce nouveau volume, Logicielle et Max, qui filent désormais le parfait amour, voient leurs vacances écourtées en raison d’une mission urgente et confidentielle qu’hors norme. La société Neuronic Computer France a mis au point un ordinateur moléculaire capable de plonger l’esprit humain dans des environnements simulés, similaires à ceux du film Matrix. Quatre des plus gros industriels de la planète se préparent ainsi à un voyage virtuel en 2100, dans une simulation aussi réaliste que possible : un monde extrapolé à partir des données disponibles et des capacités de calcul prodigieuses de cet ordinateur. Leur souhait est que cette expérience leur permette de mieux anticiper les évolutions de leurs activités respectives, imposées par les transformations à venir du contexte géopolitique, suite au réchauffement climatique annoncé comme inéluctable. Même s’il n’y a pas de risque physique réel pour les participants, Logicielle, déjà familière de ces environnements simulés (@ssassins.net, Simulator), a été choisie pour veiller à ce que tout aille au mieux. Ce que tous ignorent encore, c’est que l’un d’entre eux a été enlevé la veille par un groupe d’écologistes militants, les « écologiens », et remplacé par un imposteur…

Fonte de l’Arctique, multiplication des cyclones, étés caniculaires suivis d’hivers « sibériens », désertification, développement des maladies, baril de pétrole à 1 000 $, gigantesques mouvements de population et violentes crises politiques : l’avenir décrit par Christian Grenier fait froid dans le dos. Quant à la relation entre Max et Logicielle, elle se complique à mesure qu’apparaissent entre eux des désaccords idéologiques. Riche en rebondissements, alternant réel et monde virtuel, ce roman se rattache à la veine de la SF la plus passionnante à mes yeux : l’anticipation. À travers l’action entreprise par les écologiens, l’auteur invite également les lecteurs à se demander jusqu’à quel point la fin peut justifier les moyens.

Thomas Savary, librairie Voyelles aux sables d’Olonne

Cinq degrés de trop
Christian Grenier
Heure noire, Rageot