«Je soupçonne Tibo Bérard (à droite sur la photo, ndlr) d’avoir été agacé par cette domination anglo-saxonne, parce qu’on a quand même tout plein de bons auteurs par chez nous ! Et voili voilà, tout ce blabla pour vous dire que Pépix est une collection qui a absolument tous les atouts pour se creuser une place de choix dans ce « créneau » des 8/12 ans» écrivait en février Gaëlle Barbosa (librairie À Pleine Page à Lyon) dans sa Chouette semaine Pépix. Depuis Jean Pichinoty (librairie La Soupe de l’Espace à Hyères) a lui aussi rencontré le directeur des collections Pépix et Exprim’ éditées chez Sarbacane. Extrait de l’interview.
Jean Pichinoty : le créneau des romans illustrés pour les 8-12 ans paraissait jusqu’alors assez délaissé d’un point de vue éditorial. Nous voulions savoir si Pépix est née d’une nécessité, ou bien d’une opportunité commerciale. D’une manière générale, comment est née la collection ? (langue de bois interdite !)
TIBO BÉRARD : Alors rassure-toi, je n’ai pas du tout l’intention d’emprunter la langue de bois: oui, on fait des livres pour les vendre (enfin, pour que vous les vendiez ;-), et je n’ai aucun problème avec ça. Et tu sais pourquoi? Parce qu’ils sont bons, nos bouquins. On passe du temps dessus, on s’éclate avec les auteurs, on réfléchit beaucoup, on soigne le travail en profondeur afin de pouvoir, au bout du compte, bien défendre et vendre nos livres; parce que vendre, c’est faire vivre les livres de nos auteurs ET apporter du plaisir à nos lecteurs, qui vont s’éclater en ouvrant ces bouquins. Sur les salons, quand je vois arriver des lecteurs vers notre stand, je me régale à l’idée de leur vendre des livres, pour toutes ces raisons.
Pour revenir à ta question: Pépix, était-ce une opportunité commerciale ou une nécessité artistique? Hé bien, c’était une opportunité créative. Ha ha, voilà une formule qui a du piquant! Cependant, c’est exactement ça: un de ces rares cas où le commercial et l’artistique se rencontrent de façon harmonieuse; hé oui, c’est possible!
On nous avait souvent fait remarquer que cette offre «manquait» dans notre catalogue, qui court pourtant de la petite enfance, avec l’album, jusqu’à l’âge adulte avec la BD ou Exprim’… Mais il «sautait» cette tranche d’âge du roman 8-12… On le savait, mais on n’avait pas l’esprit assez libre pour nous lancer là-dedans. De la même manière, on savait que le secteur 8-12 «ronronnait» un peu en librairie, côté création française, et qu’il y avait plein de choses à imaginer – quand on pourrait le faire, quand on aurait l’esprit libre pour le faire.
Hé bien, quand ç’a été le cas, on a fait les choses «à la façon des grands», en réalisant une vraie étude de marché, chiffrée, pensée… Sauf qu’on l’a faite «à notre sauce», à la Sarbac: au contact humain, à la proximité et au terrain: on a appelé des libraires pour discuter avec eux, on s’est baladés dans les rayons, on a lu la production récente parue sur ce secteur, et on en a tiré un constat. Or il se trouve que ce constat (pas très éloigné de celui que j’avais tiré pour créer Exprim’, en fait) rencontrait un vrai «appétit artistique», chez certains de nos auteurs qui avaient très envie de se frotter au roman d’enfance fantaisiste et malicieux, et chez d’autres qui voulaient y venir avec nous.
Quand j’ai exposé les grandes lignes de Pépix – des auteurs français proposant de l’humour, de la fantaisie, de l’insolence dans de vraies grandes aventures qui secouent et amusent et picotent et agitent les neurones –, on a rencontré des désirs d’auteurs qui, soit ne s’y étaient encore jamais essayés, soit n’avaient encore jamais été attendus sur ce terrain… Et ça a marché !
Propos recueillis par Jean Pichinoty, librairie La Soupe de L’Espace à Hyères
Lire l’intégralité de l’interview sur le blog de La Soupe de l’Espace – Consulter la page de la collection Pépix sur le site de l’éditeur.