Dans une lettre envoyée à des ados dont elle avait dû décliner l’invitation, Anne Percin pose la question du rapport entre l’auteur, ses personnages et ses lecteurs… (un texte paru en 2012 dans Citrouille N°63)
Et pourtant, si vous saviez! À chaque fois qu’on ouvre un de mes livres, je suis là. Sans blague: je suis là, des pieds à la tête (pourtant avec mon mètre soixante-dix-sept, c’est pas facile), je suis là en long, en large et en travers… ou plutôt au travers. Vous ne m’avez pas vue en vraie, pas entendue vous parler, c’est juste, mais vous avez rencontré Maxime Mainard, et d’après ce que j’ai vu pu voir de vos votes, ça a été pour beaucoup d’entre vous une belle rencontre, voire carrément un coup de foudre, même si ça fait un peu dindon de dire ça (là, c’est Max qui parle).
Eh bien, figurez-vous que j’étais là aussi.
Derrière Max (coucou! c’était moi!) derrière sa sœur Alice (kikou!), derrière Mamie (hello!), derrière le chat Hector (miaou!) il y a un petit bout de moi…
Dingue, non?
C’est ça, la magie du roman. Whaou!
Que j’aime bien me marrer en écrivant? Que c’est même la seule raison qui m’a fait écrire ce livre: l’envie de m’amuser, de me laisser aller à rire et à faire rire (ce que je fais souvent dans la vie, mais que je n’avais encore jamais osé faire dans mes livres) et que, faisant cela, j’ai libéré tout un pan de mon imagination? Vous raconter comment, en écrivant ce livre, je me suis surprise à raconter des scènes auxquelles je n’avais même pas pensé cinq minutes avant, comment l’écriture devenait une aventure, un jeu de rôles, dans lequel j’avais hâte de me replonger, pour voir où Max allait m’entraîner?
Et comment, au détour d’une page, avec Maxime, je me suis laissée piéger par l’émotion, par des souvenirs enfouis et ressurgis, par de brusques accès de mélancolie? Une aventure, je vous dis! Une aventure humaine et sensible.
C’est là-dedans que nous sommes rencontrés, souvenez-vous.
Comment (bien) rencontrer un auteur, alors? En lisant ses livres. Les romans sont des cachettes où ils vous attendent. Continuez à jouer à cache-cache avec eux, ils seront ravis, et ça vous réserve de belles surprises, vous verrez.
Et là, je parle aussi à ceux qui n’ont pas voté pour mon bouquin, parce qu’ils en ont préféré un autre. Ils ont fait une autre rencontre, et je les en félicite. Être un vrai lecteur, c’est aussi faire des choix.
Pour finir, je veux remercier tous ceux qui ont favorisé cette rencontre, tous les adultes autour de vous qui vous ont poussés à vivre cette aventure (je ne sais pas s’ils vous ont attirés avec des promesses mirobolantes ou obligés sous la torture, ça ne me regarde pas, ha ha). Je sais qu’ils ont fait un sacré boulot, et que sans eux, notre rencontre n’aurait pas eu lieu.
Anne Percin, mai 2012
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