De la pratique de la lecture comme de celle du surf…

  • Publication publiée :6 juin 2014
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Je ne goûte pas de meilleur moment de lecture que celui où j’ouvre un livre après avoir surfé…

C’est qu’il y a un rapport étroit, entre livre et surf. Depuis longtemps.
Les origines du surf sont floues et on ne sait pas vraiment si elles se situent à Hawaï ou à Tahiti.  Ce que l’on sait davantage, c’est que sa pratique remonte au XVIIIe siècle. A cette époque où, en Europe, les textes dénonçant la torture devaient user de malice d’écriture pour parvenir à être lus, le surf fut interdit par les missionnaires chrétiens qui le jugeaient trop intimement lié aux rites religieux. Mais certains des peuples tournés vers la mer le cachèrent au fond de leur culture et le sauvèrent.

Surf et littérature n’ont pas que la répression et la résistance comme points communs, mais la tradition orale aussi. Au XVIIIe, la pratique du surf s’accompagnait de contes, de légendes. Leur transmission fait encore partie aujourd’hui de ses rites. Le surf, comme le livre, contribue ainsi à ce que des récits passent de génération en génération…

Une autre des similitudes, et pas la moindre, entre la lecture et la pratique du surf, est l’ouverture. Avec les livres je suis en perpétuelle construction intimiste de moi-même, de ma relation aux autres et au monde. Le surf-trip est lui aussi une invitation permanente à la découverte d’autres cultures, au voyage, à l’aventure et à la liberté. Lorsque je fais du surf, je suis toujours désireux d’aller voir ailleurs. Ailleurs… pour  voir d’autres vagues, d’autres plages, mais aussi d’autres histoires.

Mais pour réussir ces voyages, pour atteindre une dimension que certains qualifient de philosophique, il faut, pour le surf comme pour la lecture, consentir à quelques efforts. On ressent rapidement de la joie, et aussi un peu de fierté, à simplement pouvoir tenir debout sur une planche tout en glissant sur l’eau. Mais si on en reste là, on passe à côté du surf… comme on peut passer à côté d’un livre. Il faut parfois, pour le surf comme la lecture, faire preuve de persévérance pour aller plus loin dans cette quête de soi-même et d’authenticité avec les autres. C’est peut-être là aussi un point commun entre le surf et l’écriture, qui en partagent d’ailleurs peut-être un autre : les secrets de techniques souvent muettes car profondément intimes.

Au début dans l’histoire du surf, et contrairement à aujourd’hui, les surfeurs n’étaient pas attachés à leur planche. Le symbole de la pureté dans la glisse n’en était que plus fort. Je crois que je suis finalement à la recherche, dans mon rapport avec le livre comme avec le surf, d’une certaine simplicité.

David Chasseloup, médiateur du livre de la Communauté de Communes du Pays des Olonnes

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