Des illustrations déjantées, un petit ton pince-sans-rire, une propension à raconter autant de conneries avec un si grand sérieux… Mais bon sang ta mère c’est bien-sûr !

  • Publication publiée :22 janvier 2017
  • Post category:Archives
[Une chronique de Véronique, initialement publiée sur le blog de la Librairie Sorcière La Boîte à Histoires de Marseille ]

«Je voudrais un cadeau pour une petite fille très fille, vous voyez ?»… «J’imagine plutôt ça pour un garçon, vous trouvez pas ?»… «Je cherche un livre de princesse pour une petite fille de 4 ans, c’est leur univers non ?»…

Pour sûr, on en a bouffé des demandes à la con, pendant ces vacances de Noël !
Mais à la librairie La Boîte à Histoires, si on n’a pas de paillettes, on a des idées.

Ah vous voulez des histoires de filles ? Je vais vous en donner moi des histoires de filles.
Comme Béatrice l’intrépide, tiens.

Elle est jeune.
Elle est belle (oui bon d’accord… mais là c’est pas son meilleur profil).
Elle est rousse et elle est intrépide : c’est Béatrice l’intrépide.
Sa mission ? Réaliser des exploits, se battre, sauver des gens, tuer des dragons, tout ça. En un mot : être une héroïne (ce qui en fait trois, vous l’aurez noté).
Pour l’accompagner, sa fidèle destrière, Véronique (comme moi) une jument blanche qui n’en fait qu’à sa tête et ne pense qu’à draguer le premier étalon qui passe (je confirme).
Les aventures de Béatrice commencent sur les chapeaux de roue puisque dès les premières pages, là voilà qui trucide un dragon et délivre une belle princesse toute de vert vêtue.
C’est cette dernière qui lui apprend qu’une Reine est prête à donner son fils en mariage pourvu que la promise le délivre de son mal mystérieux qui l’oblige à garder sa chambre depuis l’âge de 8 ans.
Ce n’est pas que Béatrice soit particulièrement portée sur ces histoires débiles de prince charmant mais enfin le mystère autour de ce jeune homme l’intrigue : pourquoi ne pas aller tenter sa chance et délivrer le pauvre bougre de cet étrange sortilège ?
Comme toutes les princesses aux alentours se bousculent au portillon, Béatrice l’intrépide doit patienter une éternité avant d’accéder au château de la Reine. Cette dernière, intriguée par le naturel de Béatrice, consent à l’amener jusqu’au donjon, où vit son fils reclus depuis des années :
« Des cernes bleuâtres soulignent ses yeux rougis, et des mèches de cheveux sales pendent le long de ses oreilles. Habillé en tout et pour tout d’un caleçon crasseux et d’un tee-shirt troué, il ne quitte pas du regard un étrange tableau posé sur une commode au pied du lit. Entre ses mains fébriles tendues devant lui, le prince serre un non moins étrange objet couvert de boutons, sur lesquels ses doigts pianotent frénétiquement ».
Faisant fi de l’odeur pestilentielle de la chambre Béatrice l’intrépide saura une fois encore trouver la solution (débrancher le tableau électrique) et la voilà repartie, chevauchant fièrement Véronique pour de nouvelles aventures.
Je vous laisse, amis lecteurs, le soin de découvrir cette deuxième histoire tout aussi déjantée où vous ferez la connaissance d’une troupe de villageoises prêtes à sacrifier au Diable leurs garçonnets mais pour rien au monde leurs vaches (ah ah ah !!).
On se réjouit de suivre les aventures d’une héroïne aussi ébouriffante que Béatrice, féministe jusqu’au bout de l’épée, on savoure les joyeux anachronismes de cette histoire moyenâgeuse, et on applaudit aux salutaires détournements de lieux communs: ici point de brigands mais des brigandes, des femmes et encore des femmes, et des personnages masculins pas très folichons (gnark gnark gnark).
Sans parler de la jument Véronique dont je me sens, à titre personnel, très proche.
Voyons, voyons …. Ces illustrations déjantées, ce petit ton pince-sans-rire, cette propension à raconter autant de conneries avec un si grand sérieux, sans compter ce style littéraire un peu désuet et faussement ampoulé, tout ce ceci me rappelle un vieux souvenir, avec une vague odeur de poireaux en arrière-plan ….. Bon sang mais c’est bien sûr ! Ce sont les mêmes auteurs que les 3 contes cruels qui avaient déjà ravis mes oreilles délicates et exigeantes à la fois. Tout s’explique !
Mon dieu que de temps passé déjà les garçons ! (presque 4 ans sa mère). Je vois que vous n’avez pas changé (c’est pire je dirais) et moi-même je n’ai pas pris une ride, qu’on se le dise.
Sur ces considérations esthético-nostalgiques je vous laisse amis lecteurs, non sans vous conseiller chaleureusement la lecture de mon blog de cet ouvrage vivifiant et plein d’humour que vous pourrez éventuellement prêter à de jeunes enfants dès 9 ans.
Mais rien ne vous y oblige bien sûr.
Véronique, Librairie Sorcière La Boîte à Histoires à Marseille