deux romans et un album conseillés en 2006 par la Librairie Sorcière Nemo à Montpellier


Je mourrai pas gibier
C’est avec force et brio que Guillaume Guéraud inaugure la nouvelle collection DoAdo noir. On retrouve le style percutant, incisif et parfois assassin de l’auteur, dans un texte noir et sanglant. Martial habite Mortagne, un village où deux clans tentent de cohabiter depuis des générations. Une guéguerre ancestrale entre les travailleurs de la scierie Listrac et ceux de la vigne, qui atteint son paroxysme lors du mariage d’Arnaud, le frère aîné de Martial. Une histoire sans concession, dans laquelle l’auteur parvient à nous faire détester ces personnages barbares et sadiques. Et, étrangement, on n’en veut pas à Martial pour sa folie vengeresse et, peut-être même finalement, pour sa soif de justice.
Je mourrai pas gibier
Guillaume Guéraud
doAdo Noir, éd. Rouergue


La question des MughdisUn matin, alors que la famille de Coline s’apprête à prendre l’avion pour l’Angleterre afin de passer les vacances de Pâques dans le manoir des parents d’Amogh – le meilleur ami de Coline – les passeports sont introuvables, et personne n’est prêt ! Le ton enjoué et jovial du roman est immédiatement donné, et répond à l’ambiance qui règne au sein de cette famille. Après ce laborieux départ, la petite tribu arrive tant bien que mal à destination et découvre avec émerveille- ment la somptueuse demeure de ce couple anglo-indien un peu coincé. Commence alors une étrange comédie familiale. Intellos plaisantins et attachants, les parents de Coline sont d’abord amusés par le mode de vie so british des parents de Amogh. Mais très vite, les masques tombent et les préjugés éclatent. Quelle belle mascarade ! Les vraies personnalités se révèlent et laissent place finalement à la réalité des sentiments. Face à ces comportements d’adultes conditionnés par les idées préconçues d’une société soit disant bien pensante, Coline et Amogh – qui en sont aux balbutiements de leur amour – ont sous les yeux un bien piètre exemple de l’Amour. Ils le vivront donc sans modèle et juste avec leurs propres envies et désirs, ceux dictés par le cœur et le corps. Dans ce roman, les mots sont originaux, les dialogues justes et les images très belles. L’écriture d’Audren dévoile avec poésie la complexité des rapports humains à travers plusieurs générations, et nous offre un pur moment de bonheur !
La question des Mughdis
Audren
École des Loisirs


Arrête de rêver

À la lecture de cet album, on ne peut s’empêcher de penser à celui de John Burninghamn, Ne te mouille pas les pieds Marcelle, l’histoire d’une petite fille qui va à la plage avec ses parents. Alors que sa maman n’arrête pas de lui faire des recommandations, Marcelle rêve de pirates et de chasse au trésor. Dans Arrête de rêver, on retrouve en effet le procédé qui consiste à alterner par double page le rêve et la réalité. Première double page : Louis et sa famille embarquent sur un petit rafiot baptisé le Premlo. Deuxième double page : Louis-le-pirate, lieutenant d’un vaisseau de sa Majesté, est prêt à défier ses pires ennemis, grâce à son équipage, ses armes et son courage. Tout l’album repose donc sur cette dualité et nous comprenons bien que Louis- le-rêveur a besoin de s’évader dans un imaginaire débridé pour échapper à ses peurs et aux remontrances constantes de ses parents. L’alternance entre réalité et rêve est renforcée par deux couleurs de fond bien distinctes. Le vocabulaire lié au monde de la piraterie, le rythme insufflé au texte, l’humour qui trahit le sentiment de peur : tous ces ingrédients sont réunis pour nous plaire et nous donner envie de lire ce livre à tous les pirates en puissance !
Arrête de rêver
Christine Naumann Villemin, Stéphane Sénégas
éd. Kaléidoscope

Librairie Sorcière Nemo à Montpellier