Éditions Sarbacane : 10 ans de création (par la Librairie des Enfants, Versailles)

Sarbacane fait partie de ces éditeurs qui comprennent dans quelle époque ils œuvrent. Et c’est sans doute la raison pour laquelle, sans jamais se départir du souci d’offrir à ses lecteurs des livres intelligents et réjouissants, cette maison a su se diversifier au fil des années, à mesure qu’elle faisait valoir son authenticité auprès des professionnels et du grand public. Chez cet éditeur, il y en a pour tous les goûts, et pour cause: la fine équipe de fortes têtes qui la compose se complète autant qu’elle s’oppose, donnant toute sa signification à l’expression «travail d’équipe»! Sans compter qu’à cette joyeuse troupe se joignent tous les auteurs et illustrateurs, habitués et nouveaux venus, qui participent à la pérennité de cette production. Nous avons rencontré avec grand plaisir leur éditrice éditoriale, Emmanuelle Beulque. – Par La Librairie des Enfants, Versailles LUCIE KOSMALA: Dans quel esprit publie-t-on les albums jeunesse chez Sarbacane? EMMANUELLE BEULQUE: Pour nous, la notion de plaisir est fondamentale. L’idée est de convaincre par le ressenti, le plaisir d’un texte bien écrit, d’une histoire qui emporte, du rire que l’on va déclencher, d’une émotion qui va nous traverser. Notre façon de travailler n’a pas changé depuis dix ans. Nous avons diversifié le catalogue, nous l’avons ouvert à d’autres formes, à d’autres âges, à d’autres genres, mais la démarche reste la même. Nous proposons des expériences de lecture étonnantes, complices et fascinantes. Cette expérience doit donner envie d’être renouvelée, à travers une relecture et une nouvelle compréhension du texte, par exemple. Les livres publiés par Sarbacane reposent sur un mélange de simplicité et de profondeur, avec l’ambition de faire lire, rire et réfléchir.

Emmanuelle Beulque © Serge Bloch

NATHALIE BAYLAC: Comment est née la collection de romans Exprim’? EMMANUELLE BEULQUE: Au départ, nous voulions créer une collection de romans pour les grands adolescents à une époque où l’offre n’était pas très développée. Nous avions envie de travailler sur l’oralité du texte, et surtout de travailler avec de jeunes auteurs, nourris par le cinéma, les séries télévisées, le rap, le slam, les bandes dessinées… issus d’une culture différente des codes littéraires plus traditionnels et ayant une écriture plus explosive. En rencontrant Tibo Bérard, nos envies se sont croisées, et nous lui avons confié les clés pour créer sa collection. Celle-ci a donné lieu à de nombreuses rencontres sur le terrain, d’interventions en classe, et nous avons eu la fierté d’avoir pu raccrocher des lecteurs qui avaient renoncé à lire et qui ont découvert des textes qui leur plaisent et les emportent. Des auteurs qui pensaient ne pas avoir leur place dans l’édition ont pu voir qu’il y avait une porte ouverte chez Sarbacane pour apporter des textes nouveaux. Avec près de soixante-dix titres, la collection est extrêmement riche. Elle s’est ouverte récemment à des textes plus engagés, parce que c’est une collection en prise avec le réel. Tout le monde connaît la crise, même les ados, et cette collection correspond à l’envie de s’indigner, de réfléchir au monde autour de soi.

Lire la suite dans le n°66 de Citrouille, disponible dans les Librairies Sorcières