Éléonore Thuillier et Sophie Lescaut : « L’imaginaire de l’enfant est source d’inspiration. »

  • Publication publiée :13 juin 2016
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Comment vous est venue l’histoire de Je ne suis pas un loup?
Sophie Lescaut : Un jour, alors que je l’appelais d’un petit nom affectueux familier comme «mon lapin», «mon petit chat» ou «mon loup», mon fils de 3 ans m’a répondu : «Je ne suis pas un loup. Je suis un tricératops» J’ai noté cette phrase magnifique qui confronte l’adulte à l’imaginaire de l’enfant. Je l’ai laissée infuser jusqu’à ce qu’elle me conduise à écrire cette histoire.

Et vous, Éléonore, qu’avez-vous ressenti à la lecture de ce texte? Cette situation vous a-t-elle facilement inspirée?
Éléonore Thuillier : Quand Isabel Finkenstaedt me propose un texte, elle vise toujours juste. J’avais déjà illustré Adam est fort, le précédent texte de Sophie. Je trouve très intéressant ce questionnement entre réel et imaginaire. D’emblée, j’ai vu des situations que j’allais m’amuser à mettre en scène.

Comment avez-vous croisé la route de Kaléidoscope?
S.L. : Par hasard. Orthophoniste, je me suis mise à écrire des textes pour les enfants alors que j’étais en congé parental. J’ai tenté ma chance en envoyant certains d’entre eux à Kaléidoscope, sans rien en attendre vraiment. Isabel a choisi de faire illustrer Adam est fort par Éléonore. C’est ainsi que notre collaboration a commencé.

E.T. : J’étais styliste de mode. Depuis longtemps, j’avais envie de dessiner des monstres rigolos et des petits personnages pour les enfants. Je postais des illustrations sur mon blog. Michaël Escoffier, auteur chez Kaléidoscope, m’a proposé un texte. Nous avons monté un projet ensemble que nous avons soumis à Isabel. Le courant est tout de suite bien passé entre nous.

Éléonore, parlez-nous de votre travail.
E.T. : Après la première lecture, je laisse un peu mûrir le texte. Puis, je crayonne. Là, bien sûr, je me suis un peu documentée pour savoir comment dessiner un tricératops même si j’en avais déjà une vague idée. Je présente un story-board à Isabel et nous échangeons sur cette base. Je travaille généralement dans des délais courts. Je passe à la couleur assez vite. Je me suis amusée à parsemer quelques clins d’œil que seuls les parents pourront comprendre (une référence à Jurassic Park par exemple). J’ai même dessiné un Daft Punk avec son casque !

Et vous, Sophie?
S.L. : Je tire le fil de mon idée et je laisse venir. Comme si je partais à l’aventure. L’imaginaire de l’enfant est source d’inspiration. Parents et enfants vivent-ils dans le même réel? À quel moment se retrouvent-ils? Quand mon fils a prononcé cette phrase magique, j’ai été un peu déstabilisée. Mettre des mots dessus pour en faire une histoire m’est ensuite venu naturellement. Écrire me procure beaucoup de plaisir.

Que ressentez-vous une fois que votre texte se retrouve entre les mains de l’illustratrice?
S.L. : La première fois, c’est assez déroutant. Pour cette deuxième collaboration, j’ai fait entièrement confiance à Éléonore. C’est ma première lectrice après Isabel. J’attendais beaucoup par rapport à certains passages du texte, notamment là où j’écris : « Dans la rue, personne n’a fait attention à moi. Faut dire que dans la ville on voit des tas de gens beaucoup plus bizarres que des tricératops ! » Nous sommes tous différents, bizarres chacun à notre manière. J’étais très curieuse de savoir ce qu’elle ferait de cette idée. Et le résultat m’a beaucoup plu !

© Propos recueillis par Claudine Colozzi, mars 2016