«L’art et la fiction ont cette capacité unique de pouvoir transcender la réalité, de ne pas seulement dire le monde mais de le perturber, de le déséquilibrer, de l’éclairer sous un nouveau jour pour nous le révéler dans ce qu’il a de très beau ou de très moche, et dans ce qu’on peut tenter de changer.» Clotilde Galland (librairie Les Enfants Terribles) a rencontré l’autrice de Nos mains en l’air, Coline Pierré.
Avec Martin Page, vous formez un duo, dans la vie mais dans l’écriture aussi; j’ai l’impression qu’avec Nos mains en l’air tu as trouvé à la fois ta voie et ta voix…
Ce qui a changé, peut-être, avec Nos mains en l’air, c’est que jusqu’à ce livre, j’écrivais en fonction de mes capacités et de mes incapacités. Je ne savais pas écrire les dialogues, alors je mettais en scène des personnages solitaires dans des histoires intimistes. À partir de La révolte des animaux moches, j’ai vraiment appris à écrire des dialogues, à mettre en scène plusieurs personnages en même temps, à manier le rythme, à penser au cinéma pour créer visuellement des scènes, et j’adore ça. Désormais, je me permets plus de choses, je crois, si j’ai envie d’écrire quelque chose que je ne sais absolument pas comment écrire (une course-poursuite, par exemple), et bien je le fais, et j’apprends en faisant. Je ne crois pas que Nos mains en l’air soit plus ou moins ma voie/voix que les livres que j’ai écrits précédemment, j’ai une relation très intime avec chacun d’eux, y compris avec le personnage que j’incarne (Flora) dans les livres co-écrits avec Martin Page, et qui me ressemble beaucoup. Mais j’imagine – j’espère! – que mon écriture évolue, que je m’améliore à chaque livre.