Étranges créatures, lu par la librairie Rêv’En Pages

Aujourd’hui, je suis tombé sur un livre extraordinaire. À moins que, finalement ce ne soit lui qui soit tombé sur moi. Il faut dire que la couverture de cet album saute littéralement aux yeux, avec son vert tendre, presque fluo. Et la sensation ne s’arrête pas là. À peine vous en êtes-vous saisi, que ce sont alors vos doigts qui semblent comme aimantés par le toucher velouté du pelliculage. Ouvert, cet objet étrange tient alors toutes ses promesses. On est d’abord un peu surpris par le traité graphique, un brin désuet, comme un retour à un âge où l’on avait pas d’âge. Mais, trop tard ! Déjà, nous sommes comme immergés dans un petit coin du monde de l’enfance, authentique. Alors est-ce le graphisme caractéristique de l’album, qui semble hésiter entre le trait naïf de l’enfant et l’extraordinaire maîtrise technique qui se dégage de l’ensemble ? Est-ce l’ambiance particulière et la mystérieuse lumière qui baigne cette forêt de conte de fée ? On ne saurait le dire. Mais force est de constater que la magie opère. La palette, le trait brut, presque rupestre, et les mille et une audacieuses surprises graphiques et chromatiques, tout contribue à nous entraîner plus avant dans cet univers hors norme. Mais au delà de l’image, le scénario n’est pas en reste. Car ce conte presque classique et qui semblerait même antique au premier abord est d’une étonnante modernité, jouant sans doute volontairement du contraste, pour mieux nous amener sur le fond.

Nous sommes dans une belle forêt d’ici ou d’ailleurs, et les animaux qui peuplent les parages semblent mener une existence paisible. Jusqu’au jour où une main invisible, et pourtant tellement prévisible, rase jusqu’au dernier arbuste, laissant derrière elle un véritable spectacle de désolation. En quête d’explications, les naïfs autochtones vont alors se confronter à la société des hommes dans ce qu’elle produit de plus négatif. Mais tout ira bien pour finir finalement plutôt bien. Et ça donne à réfléchir. Alors, bien sûr, on pourra toujours reprocher à cet album un ton un tantinet moraliste, façon Loi du Talion. Il n’en reste pas moins que c’est une bien jolie façon d’aborder le sujet de l’écosystème avec les plus jeunes de nos charmantes têtes blondes, brunes ou rousses.

Photos Librairie La Soupe de l’Espace


Étranges créatures
Cristina Sitja Rubio, Cristobal León
Illustrations Cristina Sitja Rubio
Éditions Notari – 19,00 €



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