Extrait de Nevermoor — Les défis de Morrigane Crow

  • Publication publiée :22 février 2019
  • Post category:Biblios

Nevermoor: T1, Les défis de Morrigane Crow
Auteure: Jessica Townsend
Éd. PKJ. – Roman juniors

La jeune Morrigane est née le jour du Merveillon. Ce qui signifie malheureusement deux choses: primo, elle est considérée comme une enfant maudite, ce qui n’arrange pas les affaires de son papa politicien; deuxio, elle est condamnée à mourir le jour de ses onze ans.
Mais ce jour-là quelques heures avant minuit, un inconnu, Jupiter Nord, la sauve et l’emmène dans le monde magique de Nevermoor. Pourquoi? Parce qu’il détecte en elle un talent que l’on n’a plus vu depuis longtemps à Nevermoor. Dès lors, Morrigane va devoir passer différentes épreuves testant sa sincérité à intégrer son nouvel univers, son courage, sa ténacité, tout en découvrant les spécificités de ce monde où les meubles se transforment en fonction de l’humeur et où les chats sont doués de parole. Jessica Townsend pose dans ce premier tome tous les ingrédients d’une série qui promet d’être addictive, faisant gentiment penser à Harry Potter mais détenant toute l’originalité pour créer un univers qui lui est propre. On attend le tome 2 avec impatience!
Librairie Sorcière Le Bateau Livre à Lille

EXTRAIT

« Le chat de la cuisine était mort, et c’était la faute de Morrigane.

Elle ne savait ni quand ni comment c’était arrivé. Il devait s’être empoisonné pendant la nuit. Il n’y avait aucune trace d’attaque de renard ou de chien. Sans la tache de sang séché au bord de ses babines, on l’aurait cru endormi. Mais son corps était froid et rigide.

Découvrant son cadavre dans la lumière pâle de ce matin d’hiver, Morrigane s’agenouilla près de lui dans la poussière. Le coeur gros, elle le caressa, du bout du museau à l’extrémité de sa queue touffue.

— Pardonne-moi, petit chat de cuisine, murmura-t‑elle.

Où fallait-il l’enterrer ? réfléchissait Morrigane.

Devrait-elle demander à Grand-mère de lui donner un morceau de tissu précieux pour l’envelopper ? Il ne valait probablement mieux pas, décida-t‑elle. Elle se servirait plutôt d’une de ses chemises de nuit.

À cet instant, la cuisinière ouvrit la porte de derrière pour donner les restes de la veille aux chiens. À la vue de Morrigane, elle faillit lâcher son seau de surprise. La vieille femme se pencha pour voir le chat mort, et son visage se plissa de chagrin.

— Mieux vaut sa vie que la mienne, grâce à Dieu, marmonna-t‑elle en frappant le bois du cadre de la porte, puis en embrassant la médaille qu’elle portait autour du cou.

Elle coula un regard vers Morrigane.

— Je l’aimais beaucoup, ce chat.

— Moi aussi, dit Morrigane.

— Je vois ça, en effet, murmura la femme d’un ton plein d’amertume.

Elle recula lentement. Très lentement.

— Rentre donc, maintenant, ajouta-t‑elle. Ils t’attendent dans le bureau.

Comme Morrigane s’attardait à la porte de la cuisine, elle vit la cuisinière prendre un morceau de craie et écrire sur le tableau : chat de cuisine mort, à la suite d’une longue liste qui comptait parmi les derniers ajouts : « poisson pourri, crise cardiaque du vieux tom », « inondations en prospérité du nord et taches de sauce sur notre plus belle nappe ».

— Je peux vous recommander plusieurs psychothérapeutes pour enfants dans la région de Jackalfax.

La nouvelle assistante sociale n’avait pas touché à son thé ni aux biscuits. Elle avait, ce matin, fait le voyage en train de deux heures et demie depuis la capitale, puis marché sous le crachin de la gare jusqu’au manoir des Crow. Ses cheveux, mouillés, étaient plaqués sur son crâne, son manteau complètement trempé. Morrigane réfléchissait à ce qu’ils auraient pu lui offrir de plus réconfortant que du thé et des biscuits, mais la femme n’avait pas l’air de s’en soucier.

— Ce n’est pas moi qui ai préparé le thé, dit Morrigane, si c’est ça qui vous inquiète.

La femme ne cilla pas.

— Le docteur Fiedling est célèbre pour son travail sur les enfants maudits. Je suis sûre que vous avez entendu parler de lui. Le docteur Llewellyn est tout aussi renommée, si vous préférez une main plus douce, une approche plus maternelle.

Le père de Morrigane s’éclaircit la voix.

— Ce ne sera pas nécessaire.

Corvus avait développé un tic nerveux de l’oeil gauche, qui se manifestait seulement lors de ces

rendez-vous mensuels obligatoires, ce qui prouvait à Morrigane qu’il les détestait autant qu’elle. À part leurs cheveux noirs de jais et leur nez busqué, le père et la fille n’avaient rien en commun.

— Morrigane n’a pas besoin d’aide, continua-t‑il. C’est une enfant très intelligente. Elle a conscience de sa situation.

L’assistante sociale jeta un coup d’oeil à Morrigane, qui était assise sur le canapé à côté d’elle et tentait de rester tranquille. Ces visites traînaient toujours en longueur.

— Monsieur le chancelier, sans vouloir paraître impolie… le temps presse. Les experts s’accordent tous pour dire que nous entrons dans la dernière année de cette Ère. La dernière année avant le Merveillon.

Morrigane détourna les yeux vers la fenêtre, en quête d’une distraction, comme toujours quand on prononçait « le mot ».

— Comprenez que c’est une importante période de transition pour…

— Vous avez la liste ? la coupa Corvus sans cacher son impatience.

Il indiqua du menton l’horloge au mur de son bureau.

— Heu… Bien sûr.
Avec des doigts tremblants, l’assistante sociale sortit une feuille de papier d’un dossier. »