Les faits et gestes de la famille Papillon
T.1: Les exploits de grand papy Robert
Autrice: Florence Hinckel
Éd. Casterman – Roman juniors
L’effet papillon, vous connaissez… «Un battement d’ailes au Mexique peut provoquer une tempête au Texas». Eh bien pour les membres de la famille Papillon, depuis des générations, ce sont leurs faits et gestes, les plus anodins soient-ils, qui entraînent des effets bénéfiques sur le monde: l’invention du vélocipède, du transistor, la signature du traité de Londres ou les théories de la relativité… Jusqu’au jour de ses treize ans, Éva Papillon ignore tout cela, mais à l’issue d’une fête mémorable pour son anniversaire, elle se retrouve enfermée dans sa chambre et grand papy Robert vient chaque soir lui révéler une part de l’histoire familiale. Grâce à son ami Auguste, Éva parvient à s’échapper et mène son enquête qui va apporter son lot de révélations. Révélations qui se poursuivront dans les tomes 2 et 3 de cette trilogie. L’originalité de ce roman: il est illustré par des photos anciennes, issues d’une collection privée, que l’autrice a utilisées, détournées, interprétées pour ponctuer son récit. Il en résulte une histoire foisonnante, des aventures rocambolesques, de l’aventure à savourer sans modération à partir de dix ans. — Librairie Les Deux Arbres
L’effet papillon, vous connaissez… «Un battement d’ailes au Mexique peut provoquer une tempête au Texas». Eh bien pour les membres de la famille Papillon, depuis des générations, ce sont leurs faits et gestes, les plus anodins soient-ils, qui entraînent des effets bénéfiques sur le monde: l’invention du vélocipède, du transistor, la signature du traité de Londres ou les théories de la relativité… Jusqu’au jour de ses treize ans, Éva Papillon ignore tout cela, mais à l’issue d’une fête mémorable pour son anniversaire, elle se retrouve enfermée dans sa chambre et grand papy Robert vient chaque soir lui révéler une part de l’histoire familiale. Grâce à son ami Auguste, Éva parvient à s’échapper et mène son enquête qui va apporter son lot de révélations. Révélations qui se poursuivront dans les tomes 2 et 3 de cette trilogie. L’originalité de ce roman: il est illustré par des photos anciennes, issues d’une collection privée, que l’autrice a utilisées, détournées, interprétées pour ponctuer son récit. Il en résulte une histoire foisonnante, des aventures rocambolesques, de l’aventure à savourer sans modération à partir de dix ans. — Librairie Les Deux Arbres
Interview de Florence Hinckel – Par Patricia Hamidouche, librairie Les Deux Arbres.
PATRICIA HAMIDOUCHE: Comment t’est venue l’idée de cette trilogie illustrée par des photos réelles?
FLORENCE HINCKEL: C’est la directrice éditoriale de Casterman, Céline Charvet, qui m’a présenté ce collectionneur, un ami à elle, Jean-Marie Donat, qui depuis trente ans achète des photos de famille authentiques dans les vide-greniers, les brocantes, sur internet… Elle m’a demandé d’écrire une histoire à partir de quelques-unes de ces photos et j’ai eu carte blanche totale, j’avais aussi le choix du public. Le souci, c’est que la collection compte plus de quatre-vingt mille photos! J’ai passé deux jours complets dans l’atelier de Jean-Marie durant l’été 2018, puis une journée en 2019. Un premier tri était déjà fait puisque Jean-Marie les range dans des boîtes en formant des séries, il cherche des points communs entre les photos pour les classer (par exemple une série où l’on voit l’ombre du photographe avec un chapeau, que j’ai utilisée en partie dans le premier tome). Lorsque j’ai fait mon premier choix, je n’avais qu’une idée très floue de l’histoire.
Tu n’as donc pas choisi des photos en fonction d’une histoire déjà construite?
Non, car je souhaitais qu’il y ait les deux mouvements: chercher des photos en rapport avec l’histoire, mais aussi que les photos me donnent des idées pour l’histoire. C’était donc plutôt bien que je fasse mon choix avec une idée encore floue. J’avais juste choisi le public, à partir de dix ans, et je voulais utiliser le côté loufoque qui ressort des photos. Dans un premier temps, j’ai fait mon choix par coups de coeur et l’idée était tellement floue que j’ai commencé par choisir quatre cent cinquante photos! C’est en farfouillant dans les photos que s’est affinée l’idée qui tournait déjà un peu dans ma tête de cette famille qui crée des évènements bénéfiques, la famille Papillon. J’ai alors eu l’idée de la famille adverse, la famille Avalanche, qui crée des évènements maléfiques, parce qu’il se dégageait des photos deux tendances: celles qui exprimaient de la joie et celles qui étaient plus sombres. J’avais déjà décidé qu’il y aurait trois tomes pour pouvoir couvrir tout le XXe siècle, je ne pouvais pas rester figée sur une période avec des photos tellement diverses. Lorsque j’ai eu l’idée des aïeux qui racontaient des évènements historiques, ça a tout débloqué. Dans le premier tome, l’arrière-grand-père de l’héroïne de treize ans, Eva Papillon, raconte des anecdotes des années 50, dans le deuxième tome que je viens juste de terminer, c’est la mamie qui raconte des anecdotes des années 60-70 et j’ai donc eu besoin de faire des recherches historiques pour ces deux tomes, ce qui a été assez passionnant et m’a permis d’enrichir mes connaissances…
Est-ce que la contrainte est pour toi un moteur dans l’écriture?
J’aime la contrainte narrative! C’est Pérec qui disait que «la contrainte libère». Je suis quelqu’un de très visuel et ce travail sur les photos était un vrai cadeau pour moi. Ce n’était pas facile, en particulier lorsqu’il s’agissait de dater les photos, ça nécessitait pas mal de recherches et beaucoup de temps. Mais cette contrainte m’a permis de sortir de ma zone de confort. Je n’ai jamais fait de roman historique car je craignais la somme de recherches nécessaires, mais le support des photos m’a facilité les choses, je l’ai fait sans m’en rendre compte tellement c’était passionnant. La contrainte m’a vraiment libérée!
Puisqu’on parle des images, est ce que tu serais tentée par l’écriture d’un album? Tu n’as jamais écrit pour les plus jeunes…
L’écriture courte est très spécifique et je n’y suis pas habituée. Dans l’album, avec une narration courte, il faut faire mouche avec très peu de mots. Je pourrais m’y essayer car le dialogue texte image me passionne, mais j’aimerais encore plus me plonger dans un scénario de BD. L’idée de roman graphique me séduit beaucoup, car cela allierait mon goût des images et de dialogue avec le texte, au sein d’une narration plus longue que dans un album pour petits.
Pour quelle tranche d’âge écris-tu plus volontiers?
Quand j’ai démarré, j’écrivais surtout pour les dix-treize ans. Ça a glissé peu à peu, depuis quelques années j’ai davantage envie de m’adresser aux ados. Et avec la famille Papillon j’ai eu envie de revenir aux plus jeunes pour pouvoir me lâcher sur le côté fantaisiste, loufoque, qui n’est pas forcément adapté aux ados. Quelle que soit la tranche d’âge, j’ai en ce moment envie de partir sur des histoires qui embarquent le lecteur ou la lectrice dans une narration au long cours.
Ces derniers mois se sont succédées de façon très rapprochée les sorties de Nos éclats de miroir, de Renversante, de La famille Papillon. Est-ce que les écritures se sont chevauchées?
Non, c’est impossible pour moi! Je suis dans une seule bulle d’écriture à la fois. Ce qui arrive souvent, en revanche, c’est d’être dans une écriture et d’être obligée de l’abandonner pour me replonger dans les corrections du roman précédent, et ça c’est difficile! En fait les sorties se sont étalées sur quelques mois à peine mais le travail d’écriture de tous ces romans a duré deux ans (voire bien davantage si on compte le travail de maturation nécessaire pour écrire Renversante, ou pour accoucher de Nos éclats de miroir).
Est-ce que le succès d’U4 a changé quelque chose pour toi, est-ce que ça a été une étape?
Oui bien sûr, mais il y en a eu d’autres. Chaque roman est une étape mais certaines parutions sont plus remarquées que d’autres. Pour moi la première grande étape ça a été la sortie de Ligne 15 (chez Talents Hauts), qui maintenant s’appelle 4 filles et 4 garçons (sorti en poche chez PKJ. en mai), et qui m’a apporté une certaine reconnaissance du métier, c’était en 2010-2011. La deuxième étape a été U4 (chez Nathan/Syros), ce projet original car collectif, avec de très bonnes ventes et une reconnaissance du métier et des lecteurs et lectrices, mais en même temps il y a eu #Bleue (chez Syros) qui est sorti quelques mois avant U4.Yannis, et qui a obtenu de nombreux prix. Ces deux succès concomitants et de natures différentes m’ont fait l’effet d’un feu d’artifice! Non seulement ça m’a donné de la confiance en moi et en mes capacités, mais en plus, bien sûr, j’ai acquis la confiance des éditeurs. Cette confiance me permet de m’accorder un luxe inégalable: pouvoir choisir de travailler uniquement avec des personnes que j’aime bien, avec qui je me sens bien, dans des maisons d’édition qui croient en moi. De plus, je me permets d’écrire des romans plus audacieux et/ou plus personnels. C’est une grande liberté qui s’est ouverte à moi.
Quels sont tes projets d’écriture pour les mois qui viennent?
Je vais écrire le troisième tome de La famille Papillon dont la sortie est prévue pour 2020: Cette fois je vais m’attaquer aux années 80-90, celles de mon adolescence! Je compte aussi écrire un roman pour adolescent·es qui parlera d’amour, thème inépuisable et qui ne cesse de me passionner, ceci pour les éditions Nathan, et je laisse aussi mûrir un autre projet assez ambitieux et qui m’occupera durant une bonne partie de l’année prochaine… Mais je ne vous en dis pas davantage. Les secrets, ça peut parfois avoir du bon… même si Eva Papillon ne serait pas d’accord!
Propos recueillis par Patricia Hamidouche, Librairie Sorcière Les Deux Arbres à La Ciotat