Hervé Tullet : de Citrouille à Petit Bateau ;-)

Bon, d’accord, en 2014, et après Claude Ponti, c’est chez Petit Bateau qu’Hervé Tullet peinturlure. Mais en 2007, c’était dans Citrouille, avec une illustration exclusive et une interview en prime ! 😉 Republication ci-dessous.

Hervé Tullet est né en 1958. Après des études d’arts graphiques, il a travaillé dix ans comme directeur artistique dans la communication et la publicité. En 1990, il réalise ses premières illustrations pour la presse et publie son premier ouvrage pour enfants en 1994 chez Hachette. Auteur-illustrateur d’une vingtaine de titres, il est également dessinateur de presse. Interview par Madeline Roth, librairie L’Eau Vive (2007).
– Vous définissez-vous comme illustrateur ?
– J’ai aussi un travail d’illustrateur, qui consiste à répondre à un problème posé par une couverture, un article. Dans ce sens-là oui, je suis illustrateur. Mais en ce qui concerne mes ouvrages, je me considère comme un auteur. Leur point de départ, c’est une réflexion sur le livre dans sa globalité comme étant destiné au lecteur, à l’enfant qui va découvrir l’histoire. Je préfère d’ailleurs passer plus de temps à réfléchir qu’à dessiner. Ce qui m’intéresse ce sont les idées. Maintenant, le fait d’illustrer moi-même ce travail de conception le prolonge et l’éclaire, voire le révèle… L’illustration me fait découvrir l’idée sous un autre angle, même si je préférerais n’être qu’auteur. Je vis parfois l’illustration comme un passage obligé. Quand je rencontre les enfants je travaille avec la même priorité : je n’ai pas envie de les faire dessiner mais plutôt de les faire penser.
– C’est cette démarche globale et conceptuelle qui explique que vous n’illustriez pas les textes des autres ?
– J’ai effectivement du mal à en avoir envie… Sans doute parce que dans ce cas là je ne me fais pas assez confiance, je suis vite décontenancé. Je ne sais pas faire un ours qui entre dans une caverne, si c’est écrit par un autre… J’ai cependant illustré des livres de cuisine et un livre anglais de Michael Rosen. Mais parce que ce livre étaient constitué de phrases absurdes : je pouvais dessiner presque n’importe quoi, c’était très libre !
– Votre travail est-il réellement destiné aux enfants ? N’est-il pas plutôt publié en jeunesse faute de place ailleurs ?
– Ah non ! Je fais des livres pour enfants. De la même façon que les musées sont ouverts à tous, adultes et enfants… L’image clé pour moi, c’est un bébé devant un Calder. Le livre Moi c’est Blop, c’est ça. Je m’inscris dans la lignée de Lionni et Munari, je me sens héritier de l’art brut, du dessin d’enfant, de l’art conceptuel, de Matisse et de tant d’autres ! Je prends en compte des choses qui ont été faites, et il y a parfois longtemps, et j’essaie d’être novateur en y ajoutant mon propre regard. Mais ça se fait petit à petit, de façon intuitive. De cette manière je n’ai aucune frustration, et je laisse beaucoup de portes ouvertes…
Propos recueillis par Madeline Roth, librairie L’Eau Vive


© Hervé Tullet