Hommage à Franck Prévot, écrivain et poète

Portrait dessiné par Régis Lejonc,
d’après une photo prise par Zoé, la fille de l’auteur disparu.

« Et je traduirai le monde
en cent mille milliards de poèmes
à chanter cent mille milliards de fois,
pour les humains qui aiment et qui naviguent.
Je ne me lasserai jamais. »  

L’écrivain et poète Franck Prévot est mort le 27 mai dernier à Valence où il vivait avec sa famille. Il avait 52 ans. Auteur de nombreux albums et romans de littérature jeunesse, sa disparition bouleverse le monde de la littérature jeunesse.

Ses amis, auteurs, autrices, illustrateurs, illustratrices, éditeurs, libraires l’aimaient pour son humanisme, sa gentillesse, son empathie et son talent à partager mots et poésie.
Bibliothécaires, enseignant·e·s, organisateurs de festivals témoignent de cette passion généreuse que l’auteur, qui avait été longtemps instituteur, mettait dans chacune des rencontres qu’il animait avec les enfants et les adultes.

On le voit marcher dans les rues des Rome, à l’occasion du premier festival Italiques Jeunesse, organisé par la librairie Stendhal au cours de l’automne dernier, où il s’était rendu avec Carole Chaix et Régis Lejonc. Cahier à la main, il marche d’un pas léger, souriant et posant son regard sur toute chose, comme un voyageur émerveillé…

Les libraires Sorcières dans leur ensemble expriment leur plus profonde tristesse.
Nous partageons ici une partie de ses albums et romans, ainsi que et les hommages des éditions HongFei, Rue du Monde, Carl Norac, Thomas Scotto qui disent l’auteur et l’homme qu’était Franck Prévot.

« Franck écrivait des histoires et de la poésie.
Ses textes lus par mille gens, ceux-là voulurent le rencontrer. Il aima ces gens et ces rencontres.
Elles lui donnèrent mille occasions d’inviter qui le voulait à écrire sa poésie.
Et chacun devenait poète en sa présence.
Mais aujourd’hui est vide.
Jusque-là, Franck faisait vivre ses textes auprès des lecteurs petits, grands ou vieux et autres émerveillés. Désormais, c’est à ses textes de faire vivre sa voix.

Franck a choisi sa manière de donner. Avec la même liberté, nous recevons, reconnaissants. »
– Loïc Jacob et Chun-Liang Yeh, éditeurs

« Ancien enseignant, Franck était aussi l’animateur d’ateliers d’écriture, de rencontres et de projets culturels. Toujours attentif, à l’écoute des autres et de la sensibilité du monde, Franck bénéficiait d’une sincère empathie de tous ceux avec qui il travaillait. Un gars bien. Un homme qui va nous manquer. »

– L’équipe de Rue du monde

« Quelques pensées pour un poète ailé.
Franck Prévot était un poète qui adressait ses pensées aux enfants qui n’ont pas d’âge. Et j’en suis. Il vient de nous quitter. Je n’arrive pas à croire qu’il n’est plus là, que son sourire si vrai, franc, doux ne sera plus désormais que dans ses mots. En 2012, dans un salon du livre à la Réunion, nous avions un rituel en début de soirée : parler de poésie rien qu’à deux une demie-heure, une bière, la mer, parler de poésie, rien d’autre. (…) La gentillesse est une qualité essentielle, à ne jamais mésestimer: Franck en avait à revendre, mais il préférait la donner. En novembre dernier, ce fut si joyeux au magnifique festival de Landivisiau, comme une fête. Franck aimait beaucoup mon père poète Pierre Coran car tous deux excellent à s’exprimer en pensées, une courte danse des mots. Elles nous demeurent ( en voici dessous quelques-unes ) pour que nos pensées à nous, tristes, retrouvent les siennes, souvent gaies, qui parfois dénonçaient mine de rien, mais aussi osaient la tendresse, les mots ailés. De temps en temps, Franck paraissait être dans la lune et il a écrit : « Quand on est dans la lune, on comprend mieux ceux qui ont la tête dans les nuages ». Où que tu sois, ciel ou ailleurs, nous sommes si nombreux à penser à toi, l’ami Franck. »
– Carl Norac 

« Franck,
en suspension…
Nous te devons toute une collection de pensées avouables,
de grands voyages et des fous rires idiots.
Tellement plus, qui ne se dit pas ici.
Alors merci…
merci…merci…

Sans tes machines à poème,
Sans tes tiroirs secrets,
nous sommes nombreux,
énormément nombreux,
ceux qui t’aiment et qui naviguent,
sans mots. Sans voix.
en suspensions… »

– Thomas Scotto