Un projet de réglementation européenne préoccupe actuellement les librairies et bien sûr, notre réseau Sorcières. Il concerne l’encadrement des délais de paiement entre entreprises (par exemple, entre une librairie et un éditeur) et projette d’imposer une obligation de paiement à 30 jours. Si elle est nécessaire et représente une avancée indispensable pour la majorité des entreprises commerciales, cette obligation ne tient pas compte de la spécificité de la librairie et pourrait fragiliser, voire entrainer la fermeture de nombreuses librairies. Explications.
Pourquoi cette réglementation mettrait-elle les librairies en danger ?
• Le commerce de livres exige un temps long. Quand un livre arrive en librairie le 23 février, il peut se passer du temps avant qu’il ne soit vendu et qu’il ne quitte nos rayons, parfois 3 mois, 4 mois, parfois davantage. C’est ce qu’on appelle une « rotation lente ». La littérature n’a pas le rythme d’une course de vitesse, mais celui de la course d’endurance. C’est ainsi, c’est une réalité intrinsèque à notre métier de libraire et c’est grâce à cette temporalité singulière que nous pouvons porter et défendre les livres.
• Le commerce de livres exige un stock important (et longtemps immobilisé). Ainsi, il est essentiel pour chaque client·e de trouver une diversité éditoriale et pas seulement des best-sellers qui se vendent instantanément, mais aussi des nouveautés et un fonds. Le livre présente un caractère intemporel, il est une ressource culturelle durable.
• Le commerce de livres est heureusement protégé par la loi Lang et le prix unique du livre, auquel notre attachement est profond, et la marge n’est pas une variable d’ajustement.
Pour ces raisons, le commerce du livre a besoin de souplesse en terme de délais de paiement.
Réactions en Europe et en France
Partout en Europe, les fédérations de libraires se mobilisent et interpellent la Commission Européenne. En France, le SLF (Syndicat de la Librairie Française), qui a diligenté une étude d’impact alarmante – 1 librairie sur 3 pourrait être menacée de fermeture –, appelle les parlementaires européens à prendre en compte les spécificités de notre métier et à permettre à la filière du livre de « continuer à négocier librement les délais de paiement avec (ses) fournisseurs » (communiqué à retrouver ici).