«La BD Tsiganes, Le paradis des yeux est d’une humanité colossale» – un coup de coeur de la Librairie Sorcière La Courte Échelle

  • Publication publiée :25 mars 2018
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À Paris, l’exposition Mondes Tsiganes a ouvert ses portes au Musée de l’Histoire de l’Immigration. Autour de l’événement, des rencontres, des concerts, notamment celui de Kesaj Tchavé en juin prochain. L’occasion est belle pour vous parler de Kesaj Tchavé et de la pépite éditoriale dont la troupe est le personnage, Tsiganes, Le paradis des yeux. Un livre-CD, BD et documentaire, écrit par Johann Le Berre, co-édité par les éditions Goater et L’Oeuf, en partenariat avec l’association Yepce. L’histoire d’enfants roms de Slovaquie, auxquels la musique, le chant, la danse et la scène donnent une chance, sous l’impulsion d’Yvan et Héléna Akimov.

Tels des conquérants joyeux et tapageurs, ils habitent la scène d’une folle présence. La musique les enveloppe, à moins que ce ne soient eux qui l’embrassent et l’étreignent. Corps libres, passionnés, occupant l’espace avec énergie, visages éclairés, rieurs, voix affirmées et puissantes, les enfants roms des Kesaj Tchavé laissent à tous ceux qui les croisent un sentiment volcanique !

C’est sans aucun doute ce que Johann Le Berre a ressenti lorsqu’en 2004, il a rencontré la troupe en Slovaquie, près de Kezmarok, dans les Hauts-Tatras. Créée par Yvan et Helena Akimov en 2000, Kezaj Tchavé rassemble des enfants et des ados des colonies tsiganes installées dans les bidonvilles, en périphérie de la ville. Yvan, ancien réfugié politique tchèque, fait le taxi entre les bidonvilles et le lycée tsigane, où les ados préparent le bac. Presque chaque jour, il emmène les plus petits rejoindre les plus grands.

Balalaïka à la main, Yvan mène les répétitions avec une fougue devenue légendaire et un optimisme redoutable. Rires, coups de gueule, chagrins, angoisses, discussions, amitié, la vie des Kezaj Tchavé est intense, fraternelle, faite de morceaux de vie quotidienne, souvent difficile, ardue… faite aussi de valises ! Car Yvan et Héléna ont réussi un tour de force. Régulièrement, les Kezaj Tchavé partent en tournée. La troupe a joué avec les Ogres de Barback, elle s’est produite à l’Olympia et continue de présenter son spectacle en France et en Europe.

Johann Le Berre reviendra souvent à Kezmarok. Consignant les récits d’Yvan, les hauts et les bas, les combats et les petites victoires – nécessaires impulsions -, les scènes ordinaires et celles d’anthologie. Accompagnant la troupe lors de ses tournées. Pour raconter cette histoire, la forme de la bande dessinée lui semble finalement la plus adéquate. Son association, Yepce, porte le projet. Les éditeurs rennais Goater et L’Oeuf y reconnaissent les valeurs qui les touchent. Tsiganes, Le paradis des yeux parait en 2017.

Tsiganes, Le paradis des yeux est d’une humanité colossale. Chez les Kezaj Tchavé, il ne s’agit pas seulement de danser, chanter, jouer de la musique et partir en tournée. Il s’agit de grandir, d’avoir confiance, de se confronter à sa dignité et de lui faire une place, de devenir quelqu’un, sans se détourner de sa culture et de son identité, mais en l’offrant tel un cadeau qui dirait, « je suis là, j’existe et vive la vie ! ».

Librairie Sorcière la Courte Échelle à Rennes

* Késaj est le nom d´une fée tsigane qui dit que pour recevoir de l´amour, il faut d´abord savoir en donner.

** Tchavé signifie en langue romani : enfants.