Les articles de Citrouille dans le rétro — C’était en 1987, un immeuble au pied de la cathédrale de Bayeux: Nadine Millet ouvrait sa librairie. Pas vraiment spécialisée jeunesse, pas vraiment générale, mais à forte tendance artistique: de l’image, du dessin, de la peinture et, pour finir, une galerie d’exposition.
Les copines bibliothécaires aident à la mise en place, papy Henry à la menuiserie et les éditeurs au stock de départ. Quand le peintre dessine Le Cheval Crayon sur le panneau en bois, Nadine entend «N’importe quoi!». Elle en rigole encore, celle qui pensait aussi à «Crabe Tambour»…
La librairie intègre les Librairies Sorcières en 1990. Nadine, en plus d’assurer les horaires d’ouverture, va dans les classes avec ses caisses de livres; c’est le moment où les enseignants découvrent la littérature jeunesse… Le rôle de passeurs que nous revendiquons avait déjà tout son sens. Maryline est embauchée à la librairie à ce moment-là. Elle y est toujours…
En 1992 Nadine s’associe avec Christine, ancienne bibliothécaire à la BDP, et la librairie arrive à Caen, rue Froide. Chacune trouve sa place dans les quarante-cinq m² et Célia commence un contrat d’apprentissage en 1999…
Je suis amoureuse d’un des fils de Nadine depuis dix-sept ans, mais elle et moi ne parlons que très rarement de la librairie, un mot du jargon au-dessus de l’assiette de ses petits-enfants et tout est dit. Elle sait ce que je vis, je sais ce qu’elle a vécu. Ce n’est pas une affaire de famille, mais une affaire de femmes, d’émancipation. L’histoire d’une passion qui perdure.
Nous sommes donc toujours quatre et il faut bien ça car la librairie est tellement mal rangée que jamais vous ne pourrez y entrer, pour choisir un thème et valider votre panier…
Jennifer Brezel, librairie Le Cheval Crayon à Caen