«La nouvelle du jour est le papier hygiénique de demain…» – Une interview de Babette Cole (Citrouille, 2001)

  • Publication publiée :11 février 2018
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Babette Cole, 1950 – 2017

Gégène et Françoise Tribolet : La pile de livres signés Babette Cole s’épaissit d’année en année. Depuis combien de temps racontez-vous des histoires et où trouvez-vous votre inspiration ?

Babette Cole : Ma première histoire, je l’ai conçue à l’age de 7 ans et depuis mes sources sont toujours les mêmes : contes que je détourne, problèmes de la vie des petits et grands, et puis les différences, toutes les différences…

Gégène et Françoise Tribolet : Vos personnages et leur manière d’être, sont ils moraux, immoraux, amoraux…?

Babette Cole : La morale victorienne dit qu’il ne faut pas avoir honte de notre mère, elle nous sauvera toujours.… Moi, j’essaie juste de déculpabiliser. Avec Le démariage, qui traite de la séparation, j’ai aussi cherché à positiver. Avec Monamour, j’ai tenté de dire ce qu’était le partage, la jalousie, comment gérer ses parents, parler de la différence, des fous, des handicapés, des gays…

Gégène et Françoise Tribolet : Vos livres choquent certains, parfois…

Babette Cole : C’est particulièrement vrai pour Comment on fait les bébés, où à l’information je mêle la naïveté, la drôlerie et la dérision… Les réactions négatives se sont surtout manifestés en Amérique. Les Français ont une attitude plus saine envers le sexe. Ils parlent de la puberté plus facilement avec leurs enfants. Les Allemands ont adoré ce livre, et particulièrement la couverture où garçon et fille sont présentés tout nus… Dans ce livre comme dans les précédents, j’ai cherché à dédramatiser. Les enfants sont naïfs et innocents. Si on leur dit que le sexe est sale, ils vont le penser…

Gégène et Françoise Tribolet : Comment abordez-vous un nouveau sujet ?

Babette Cole : Je fais d’abord des recherches, qui peuvent être longues : plus d’un an pour Comment on fait les bébés ou Le démariage. Dans tous mes livres, le dessin prend sa place comme un film, le texte vient après… Mais pour revenir à certaines réactions, je ne me défendrai pas : la nouvelle du jour est le papier hygiénique de demain. Et après tout, chacun reste libre d’acheter ou de ne pas acheter mes livres !

Propos recueillis par  la Gégène et Françoise Tribolet, Librairie Sorcière L’Herbe Rouge à Paris, Citrouille 2001