« Je ne me souviens plus très bien de ce qui s’est passé juste après. Je me souviens que papa me portait dans ses bras comme quand j’étais petite. » La littérature jeunesse, ça n’est pas toujours gai et coloré. Derrière les albums, qui tiennent souvent le haut du pavé, il y a aussi des romans qui parlent de la vie, des joies, des peines. De la mort aussi.
Avec ce roman ô combien percutant, Agnès frappe un grand coup à la porte de nos petits cœurs sensibles. Tout commence par une dispute, un matin comme tant d’autres, à propos d’un bol de céréales. Deux adolescents : un grand frère, une petite sœur. Ils s’aiment et se chamaillent. Ils ne savent pas encore que c’est leur dernier petit-déjeuner ensemble. Le destin va bientôt les frapper, c’est sûr, c’est déjà dans le titre. Pourtant, « il faisait beau ce vendredi d’avril… ». L’accident vient nous rappeler la fragilité de nos vies, la mort de l’insouciance, la mort tout court. L’écriture est fluide, directe, le roman est court, brutal. Cinquante pages pour nous dire l’indicible, le choc, la douleur, les regrets, la culpabilité, la fatalité. Réaliste, forcément, car ce roman ne prend pas de gants avec nos sentiments. Avec peu de mots, peu de phrases, peu d’effets, peu de pages, Agnès Aziza nous emmène au cœur du drame, au cœur des cœurs qui saignent.
Alors pourquoi un roman qui fait pleuvoir les yeux, quand il y en a tellement pour nous faire rire aux larmes ? Sans doute pour dire à nos enfants déjà presque grands, la fragilité de l’existence. Et pourquoi parler de la mort ? Pour dire la vie, fragile et précieuse. Car elle a bien changé la littérature jeunesse, parce qu’ils ont aussi bien changé les adolescents d’aujourd’hui. Insouciants toujours, et c’est tant mieux car c’est là le dernier privilège de leur âge, mais exigeants souvent. L’accident est un de ces romans qui leur parle de la vraie vie, une loupe, un arrêt sur image sur le destin tragique de deux adolescents qui ressemblent comme deux gouttes d’eaux, à nos voisins, nos amis, nos enfants.
Cyril M., librairie Rêv’En Pages de Limoges
(Lire à Limoges c’est bientôt !)
Agnès Aziza
Gründ, 2011
Prix éditeur 6,90 €