Libraire, quel métier? Bon, nous aimions lire, nous lisions beaucoup et nous avons acheté une librairie – croyions‐nous – pour ne pas y travailler… Vingt ans après les choses ont changé: si nous lisons toujours beaucoup, nous commandons surtout des livres aux représentants, nous conseillons les clients et leur trouvons le titre rare, portons des cartons, répondons à des appels d’offre, nous nous endormons sur la comptabilité… et nous assistons à des assemblées générales de l’Association des Librairies Spécialisées Jeunesse! Bref nous sommes devenus libraires.
Libraires, c’est aussi de nombreuses rencontres avec des éditeurs, auteurs et illustrateurs souvent sympas – parfois un peu «compliqués»… Nous avons ainsi fait la connaissance de l’un d’eux qui est aussi créateur de jeux, Thierry Chapeau. Un soir, après quelques verres et puisque nous sommes aussi éditeur, la question est posée: «Thierry… et si on créait un jeu autour du métier de libraire?». Et nous voilà à aussitôt parler cible, mécanique de jeu… S’agirait-il: d’acquérir une boutique, une deuxième, puis de créer une chaîne et d’écraser les concurrents?… De faire du chiffre, un minimum de titres, un maximum de profit, et le plus gros salaire gagne?… D’avoir le bon livre quand le client se présente pour ne pas laisser un concurrent le lui procurer?… De piquer tous les marchés «collectivité» de la région avec les plus petites remises en bluffant sur les capacités?… ou d’associer les bonnes cartes (auteur-illustrateur, libraire, éditeur) pour faire naître un livre dans le but de le vendre?… Cette dernière idée solution fut adoptée et affinée, la carte maudite (MANQUANT!) créée… et le parti pris que les livres en jeu ne seraient que des albums illustrés par les anciens élèves de l’école des arts déco de Strasbourg nous sembla aller de soi!
Les semaines et les mois qui ont suivi, nous avons beaucoup joué avec une maquette… et une règle qui ne cessait de changer! Libraires, illustrateurs, amis, enfants des amis, tous ont apporté leurs critiques. Jusqu’au jour où Thierry a dit «Stop! Au travail!». À l’illustration: Frédéric Pillot; à la couleur: Alexandre Roane; à la maquette: Michel Maitre. Les cartes sont nées avec beaucoup de clins d’œil. La librairie: dans la vitrine il y a Lulu Vroumette; l’éditeur, le Jean-Luc, il est content, avec en main le manuscrit du siècle; la libraire, Dominique, est presque assommée par le livre qu’elle tire du rayon, et au dos des cartes, derrière sa caisse enregistreuse, elle a un sourire satisfait quand le client part avec le sachet après avoir payé. Et les vingt-trois albums disponibles sont bien tous (sauf un) illustrés par des anciens élèves de Claude Lapointe!
Nous avons offert le jeu le jour de l’anniversaire de la librairie; maintenant nous le vendons car, ne l’oublions pas: un libraire est aussi un commerçant! Et nous continuons à jouer, à la librairie, dans des bibliothèques, aux salons du livre jeunesse: Colmar, Namur, Genève… Au salon de Montreuil nous avons organisé un concours avec des classes de CM…
– Thierry, et si tu nous imaginais le jeu de la bibliothécaire? Des livres à emprunter, qu’il faut commander, équiper, codifier, la carte maudite, le livre non rendu.
– Et pourquoi pas aussi le jeu de l’imprimeur? Le choisir, définir avec lui le papier, la reliure…
Jean-Luc Burger, librairie La Bouquinette à Strasbourg
Le jeu du libraire: un jeu de cartes de Thierry Chapeau
conçu pour les éditions Callicéphale
Règle du jeu
But du jeu
Distribution
Déroulement
- Effectuer l’une des actions de jeu (voir ci-après, au dos).
- Compléter son jeu avec la pioche pour avoir à nouveau quatre cartes.
- Donner l’une de ses cartes au joueur suivant sans la montrer aux autres.
Actions de jeu
- Commander un album
- Vendre un album
- Prendre un ou deux albums à un autre joueur
- Changer des cartes
Toutes les cartes présentées par les joueurs sont placées à côté de la pioche faces visibles. Cette dernière épuisée, elles seront mélangées pour en constituer une nouvelle.