Peut-être l’affiche du film vous a-t-elle attiré l’œil ou alors avez-vous lu quelques critiques dithyrambiques?
A moins que les plus chanceux d’entre vous soient allés découvrir le Musée des Merveilles au cinéma ?
Mais peu me chaut. Car grâce aux éditions Bayard j’ai pu découvrir ce petit chef-d’œuvre réédité pour l’occasion.
Ìl était paru déjà en 2014 sous le titre de Black Out et avait – je le confesse le rouge au front – échappé à ma sagacité.
Ici, deux histoires se croisent et se font écho à deux époques différentes.
L’une est en mots, l’autre est en images.
En 1977, le jeune Ben qui est élevé par sa tante avec ses cousins depuis la mort de sa mère bien-aimée. Il est né sourd d’une oreille mais s’accommode de ce handicap qui semble presque le préserver des tourments alentour.
En revanche il fait souvent la nuit le même cauchemar où il se voit poursuivi par des loups.
Un jour d’orage, Ben retourne dans la maison de son enfance et exhume quelques affaires de sa mère. Il y découvre un livre Le cabinet des curiosités et la tendre dédicace d’un certain Danny sur le marque-page d’une librairie new-yorkaise.
Juste au dessous du mot, un numéro de téléphone que le jeune garçon s’empresse de composer. Se peut-il que ce Danny soit ce père tant fantasmé qu’il n’a jamais connu ?
C’est en portant le combiné à son oreille que Ben est frappé par la foudre qui le laissera cette fois-ci complètement sourd.
En 1927, nous voilà par les images avec Rose, une toute jeune-fille sourde et muette qui semble se passionner pour une célèbre actrice new-yorkaise. Dans la solitude de sa chambre elle découpe et collectionne toutes les photos et tous les articles de presse à son sujet.
Dans cette grande demeure bourgeoise, Rose semble être livrée à elle-même et délaissée par son père.
A cinquante ans d’intervalle, nous suivons les deux jeunes gens partis seuls à New-York, l’un sur les traces de son hypothétique père, l’autre à la rencontre de son idole de papier.
Le musée deviendra pour chacun d’eux et pour des raisons diverses un abri, un asile et un lieu hautement symbolique.
La narration alterne entre texte et images et ce récit romanesque en diable est parfaitement construit et maitrisé.
Ne craignez pas l’épaisseur de ce roman qui se dévore en un clin d’œil tant on a hâte de découvrir le lien mystérieux qui unit ces deux jeunes gens à travers le temps.
On laisse à chaque fois le jeune Ben à regret pour replonger dans les illustrations mystérieuses de l’histoire de Rose et les pages s’enchainent ainsi sans qu’on y prenne garde, les fils des deux récits se croisant habilement sans jamais égarer le lecteur.
Le handicap, la solitude et la quête de l’identité sont les thèmes principaux de roman captivant avec en toile de fond la majestueuse ville de New-York.
Un moment de lecture vraiment unique que Brian Selznick nous avait déjà fait expérimenter avec L’invention de Hugo Cabret paru en France en 2012 chez le même éditeur. Mais n’ayez crainte, d’ici trois ou quatre ans je vous parlerai de la vraie nouveauté de Brian Selznick : Les Marvels.