(Un article paru en 2011 dans Citrouille, et que nous republions à l’occasion de la parution de Ceci est mon carnet de dessin, de Laurent Corvaisier, aux éditions Rue du Monde)
L’objet est beau, c’est un grand carnet au format A4 avec une couverture de cuir rouge. Les feuilles raidies par l’encre et l’aquarelle produisent d’agréables petits sons qui craquettent en tournant les pages. C’est un journal qui saisit la matière, le vivant, et qui raconte en images ton intimité d’artiste, dans une liberté totale. Esquisses crayonnées, natures mortes, paysages de villégiature, scènes de vie intimes… Beaucoup de portraits de proches, aussi, le regard droit fixant l’observateur comme on fixe un objectif de photographe.
Les pages deviennent autant d’invites à entrer dans ton univers. Là une cuisine, un angle de salon ou trône une cheminée, une sieste impromptue sur un transat, une fenêtre ouverte sur des toits, un bâillement de porte sur un coin de lit entr’aperçu. Ailleurs des chemins de campagne qui partent en ligne de fuite, de montagne en été ou sous la neige d’hiver, aquarellés ou encrés. Toutes ces images dégagent beaucoup de plénitude et de sérénité, on y sent le silence, le bruit du vent et des vagues, les pas feutrés… Des respirations déconnectées du quotidien et de ses obligations: la création se nourrit de ces temps dilettantes.
Patricia Matsakis, librairie Le Bateau Livre, Montauban