Leurs livres présentés par les auteurs : Ma mère et moi, par Marc Cantin et Isabel

Pendant 10 albums, et autant d’années, Cloé et sa maman ont occupé le devant de la scène, sans partage. Presque 400 planches sans l’ombre d’un papa ! Juste les relations entre une mère et sa fille adorée, au fil des rivalités, des moments tendres, des galères, des rires, des fâcheries… la vie, quoi !

Mais la question du père, inexorablement, finit par se poser. Pourquoi est-il parti ? À quoi ressemble-t-il aujourd’hui ? Vit-il seul ? A-t-il d’autres enfants ? On peut marcher sur n’importe quel chemin, on finit toujours par croiser quelqu’un qui nous demande d’où on vient !

Cloé aura donc dû attendre ce 11ème tome de la série pour voir apparaître son père. Mais il a une bonne excuse : il était parti faire le tour du monde… en roulotte. Eh oui, ça prend du temps. Et maintenant, le voici qui revient s’installer dans le coin, avec en prime une nouvelle femme et un fils. Un petit coup de téléphone et il invite sa fille – qui lui a beaucoup manqué – à venir le rejoindre pour quelques jours.

Elle est heureuse, Cloé, elle saute de joie, impatiente de retrouver son père, de découvrir sa belle-mère et son demi-frère. Bon, du côté de Maman, ce n’est pas la même chanson. Disons qu’elle ne le prend pas très bien, après toutes ces années à élever seule sa fille : crise de jalousie, inquiétude, sentiment d’être abandonnée par sa fille… les émotions se bousculent !

Habituée à affronter les angoisses de sa mère (et inversement), Cloé fait de son mieux pour rassurer cette dernière et part pour ce merveilleux week-end… où rien ne se déroulera évidemment comme prévu.

Au terme de cette parenthèse paternelle, Cloé retrouvera sa mère, cette vie qu’elles ont construite ensemble et qui les rend inséparables. Même si elles ne sont pas toujours d’accord, loin de là, rien ni personne ne peut se glisser entre elles. C’est comme ça.

Reste toutefois une question : on peut se demander si les deux scénaristes n’éprouvaient pas autant que Cloé le désir de trouver ce père. Ressentaient-ils un soupçon de culpabilité à priver ainsi leur personnage d’une partie de son histoire ? Une angoisse face aux questions récurrentes des lecteurs (Il est où le Papa de Cloé ?) ? Une difficulté, avec les années, à répondre avec fermeté (Elle n’a pas de papa, Cloé. C’est comme ça !) ? Un questionnement sur leurs propres origines ?… Difficile de le savoir.

Mais le mal est réparé.

Oui ! Cloé a un père ! Et il ne va pas disparaître aussi vite qu’il est apparu (du moins tant qu’il ne repart pas faire un tour du monde ou autre chose). Il sera encore là dans le tome 12 qu’Anaïs Eustache dessine actuellement.

Marc Cantin et Isabel