Marée haute – lu par la librairie Les Enfants Terribles de Nantes

C’est un livre sans texte. Le dessin, immense, intense, prend toute la place, inonde chaque double page comme autant de tableaux, à observer. Et c’est pourtant tout le talent d’écriture de Bernardo Carvalho qui s’exprime à travers ce pur livre d’images. Le rythme, habituellement donné par les phrases, indiquant le moment de tourner la page, doit ici exister autrement. Alternant les zoom et les plans larges, l’auteur guide notre regard, organise les images et parvient à traduire une ambiance, à planter le décor : un moment, un lieu, les personnages qui entrent en action et qui jouent une scène, ordinaire, familière. Il fait chaud, les corps sont rougis par le soleil. Zoom sur cette femme qui est surprise par la fraîcheur de l’eau ; plus loin, un groupe d’amis escalade les rochers. Les personnages, façonnés par des aplats de couleur rose, s’habillent tantôt d’un contour noir, d’une chevelure hâtivement crayonnée, ou d’une tache blanche en guise de maillot de bain. Les corps se dénudent, s’activent ou se prélassent, amassés comme des coquillages sur le sable ou solitaires, au large. Par des jeux de transparence et de superposition, la marée qui monte surprend ceux qui se sont assoupis au bord de l’eau, recouvre bientôt les baigneurs, diluant les formes et les couleurs pour ne laisser place qu’aux vagues bleues, envahissantes, ondulantes… souvenir flou d’une longue journée d’été.

Librairie Les Enfants Terribles, à Nantes

  • Marée Haute
  • Bernardo Carvalho
  • Gallimard Jeunesse