Nathalie Somers : «Je pensais que les éditeurs se battraient pour publier un livre aussi original!»

  • Publication publiée :24 septembre 2017
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Nathalie Somers est née en 1966 à Saint-Étienne (Allez les verts!). On peut la rencontrer aujourd’hui dans la région lyonnaise où elle habite en compagnie de deux chats, trois enfants et un mari (liste donnée sans ordre d’importance). Comme les chats, elle multiplie les vies – tout au moins professionnelles. Ingénieure, puis enseignante, elle écrit aussi: tout d’abord de petits récits pour une maison d’édition religieuse, puis la série qui la fera connaître, Le roman des filles aux éditions Fleurus  (six tomes qui nous font suivre le quotidien et l’évolution de quatre adolescentes lyonnaises, de la troisième jusqu’au bac). Aujourd’hui, avec Roslend, Nathalie Somers se lance dans un genre nouveau qui lui permet de marier son intérêt pour l’histoire à un besoin impérieux de créer des mondes imaginaires. C’est ce qu’elle a expliqué à Valérie Kempf, librairie Panier de Livres à Caluire-et-Cuire.

VALÉRIE KEMPF: Tu avais déjà abordé le thème de la résistance et de la déportation dans Je me souviens Rebecca. Quand et comment t’est venue cette idée de saga?
NATHALIE SOMERS: Tout a commencé quand j’ai enseigné la seconde guerre mondiale à ma première classe de CM2. L’épisode de la bataille d’Angleterre m’a beaucoup marquée par son souffle épique et le rôle déterminant qu’ont tenu les pilotes de la RAF pendant ces mois terribles. L’énorme erreur stratégique d’Hitler d’abandonner cette bataille alors qu’il était à un cheveu de la victoire m’a fortement interpellée: comme si, à notre insu, un monde parallèle influençait le nôtre. Les choses se sont alors mises en place un soir d’insomnie où j’ai laissé libre cours à mon imagination… et Roslend et une bonne partie de son univers sont nés. Cela s’est imposé comme une évidence.
Quelles recherches as-tu faites pour la partie historique?
J’ai regardé beaucoup de documentaires, lu des biographies de Churchill. Le livre La bataille d’Angleterre, de Jérôme de Lespinois, a été mon livre de chevet. J’ai surfé sur un site qui raconte la guerre au jour le jour; on y trouve même la météo quotidienne, que j’ai d’ailleurs respectée! Je me suis attachée à respecter le plus possible la vérité historique et à chercher toutes les anecdotes surprenantes pouvant donner du relief et de la vie au récit, aussi bien dans un monde que dans l’autre. L’univers de Roslend est imprégné de références à notre monde réel. La plus évidente est la persécution contre les Juifs qui trouve écho dans celle des Albins. Mais il y en a beaucoup d’autres, et davantage encore dans les tomes à venir!
Le genre très spécifique de ce roman a-t-il été une difficulté pour faire adopter ce projet par un éditeur? Roslend mêle le genre historique à la Fantasy. Ce n’est pas une uchronie puisque le cours de l’histoire n’est en rien modifié. En toute modestie, j’explique juste pourquoi ce qui s’est passé s’est passé ainsi… Quand j’ai eu l’idée de cette construction, j’étais très fière de moi [sourire]. Je pensais que les éditeurs se battraient pour publier un livre aussi original… J’ai vite déchanté! On me disait que mon roman était inclassable et que les libraires ne sauraient pas quoi en faire. Heureusement, si j’en juge par la manière dont il est accueilli aujourd’hui, ceux-ci semblent tout à fait capables de lui trouver sa place sur les étagères! Mais il a donc fallu quelques années de persévérance pour qu’il trouve éditeur à son pied: les éditions Didier Jeunesse que je remercie pour leur goût du risque et leur ouverture d’esprit!
L’illustration de la couverture a été réalisée par Taï-Marc Le Thanh. Comment as-tu travaillé avec lui?
Je voue une grande admiration au travail de Taï-Marc Le Thanh. L’éditrice m’a permis de participer activement à l’élaboration de la couverture, ce qui est une grande chance. Et le résultat reflète parfaitement la dualité du récit et l’univers baroque de Roslend!
Propos recueillis par Valérie Kempf, Librairie Sorcière Panier de Livres à Caluire-et-Cuire

Roslend – tome 1

Didier Jeunesse

Londres, en 1940: Lucan, quatorze ans, est élevé par son grand-père. Le vieil homme, blessé dans un bombardement, a juste le temps de transmettre une horloge à son petit-fils avant de s’éteindre. Quand Lucan touche un mécanisme secret, niché dans les rouages du cadran, il se retrouve propulsé dans un autre monde, lui aussi en guerre. Au gré de ses passages d’un univers à l’autre, Lucan va s’apercevoir que les destins de ces deux mondes parallèles sont liés… Ce premier tome d’une série, qui en comptera trois, aborde la bataille d’Angleterre et les conditions de vie extrêmement dures que la population de Londres a subi pendant les nuits de bombardements intenses. L’ambiance y est sombre. En parallèle, avec sa géographie de désert, ses villes d’une grande élégance architecturale et ses peuples exotiques, l’univers de Roslend apporte une dimension onirique. Les multiples épreuves que Lucan doit affronter, parfois amusantes, toujours palpitantes, allège le récit et incite le lecteur à dévorer les chapitres. Le tome suivant se déroulera pendant la bataille de Stalingrad, tandis que le débarquement clôturera les aventures de Lucan. Un roman original pour tous les ados, à partir de 13 ans. – Librairie Panier de Livres