Nicholas Gannon : «Pour moi, les mots et les images sont inséparables.»


Les articles de Citrouille dans le rétro — S’il n’y avait pas eu Roald Dahl, il n’y aurait pas eu Nicholas Gannon, l’auteur des Doldrums. S’il n’y avait pas eu Nicholas Gannon, il n’y aurait pas eu Aline Pornel (librairie Le Rat Conteur) menant cette interview. Ni Aurélie Dudoue (PKJ) pour la traduire. Merci donc, entre autres, à Miss Trunchbull!


ALINE PORNEL: Bonjour Nicholas Gannon, est-ce qu’entre romancier et aventurier, il a fallu faire un choix?
NICHOLAS GANNON: Raconter des histoires est depuis toujours mon aventure, je peux le faire n’importe où. Je peux voyager dans des terres lointaines, être mordu par des insectes exotiques et être transporté d’urgence dans des hôpitaux douteux et, malgré cela, faire mon travail. C’est parfait!


Je ne serai pas la seule à vous dire que votre roman pourrait être une version «positive» des Orphelins Baudelaire. Quelles sont vos influences, vos coups de cœur…?
Sans Roald Dahl, je ne pense pas que je me serais intéressé aux livres. Il m’a initié au concept d’auteur-narrateur. Il m’a également fait découvrir Matilda, mon livre préféré quand j’étais enfant. C’est le premier livre que j’ai lu du début à la fin. C’est la raison pour laquelle dans Les Doldrums vous rencontrerez Mrs Murkley, qui est un hommage (et une potentielle poursuite en justice pour plagiat!) à Miss Trunchbull [ndlt: la directrice d’école dans Matilda dont Nicholas Gannon s’est beaucoup inspiré]. Mon livre favori, en tant qu’adulte, est Le soleil se lève aussi d’Ernest Hemingway. Son écriture est simple et précise et pourtant extrêmement riche.


On s’imagine lire Les Doldrums à haute voix, était-ce une volonté de votre part ou le hasard est-il heureux?
Je pense que c’est volontaire de ma part. Pour moi, un bon texte ce sont des phrases simples qui coulent l’une après l’autre, en faisant le moins d’interruptions possible. Les interruptions cassent la magie, elles vous rappellent que vous êtes en train de lire un livre, elles vous font perdre votre souffle et ce n’est qu’en arrêtant de respirer que l’on peut s’en débarrasser.


La qualité et l’à-propos du dessin sont à souligner. A-t-il été inspiré par le texte ou votre dessin a-t-il influencé votre écriture?
Pour moi, les mots et les images sont inséparables. Les illustrations peuvent être assez simples, mais le texte qu’on leur ajoute fait évoluer leur signification de manière très intéressante. «Ceci n’est pas une pipe!». Après mes études en école d’art, alors que je travaillais pour un cabinet d’architecture dans le bâtiment, j’ai dessiné sur une planche de bois la silhouette d’un petit garçon. Il m’a immédiatement semblé familier, mais j’en ai appris davantage sur lui quand j’ai commencé à écrire. Ce garçon, bien sûr, est devenu Archer. Le personnage d’Adélaïde a une origine similaire. Alors que j’étais en France, j’ai fait le croquis d’une petite fille portant de hautes chaussettes montant jusqu’aux genoux, mais l’une des chaussettes ne me semblant pas réussie, je l’ai transformée en une jambe de bois.


On s’est attaché aux personnages. Les retrouvera-t-on dans de prochaines aventures?
Je suis ravi de l’entendre. Pour moi, les personnages sont essentiels. Un personnage réussi peut sauver une intrigue sinistre mais une bonne intrigue ne peut pas sauver un personnage sinistre (et, soyons honnêtes, qui voudrait sauver un personnage sinistre?) J’ai le plaisir de vous annoncer qu’Archer, Oliver et Adelaïde seront de retour pour encore plus de mésaventures, de pagaille et de litres de café!


Et pour finir, quels conseils prodigueriez-vous aux enfants pour une bonne cohabitation avec un ours polaire (empaillé ou non)?
Oui! La cohabitation avec un ours polaire (vivant) peut être assez délicate mais, si vous êtes bien préparés, elle peut aussi être très enrichissante. Par exemple, les ours polaires se lavent en se roulant dans la neige; ce qui signifie que vous n’aurez plus jamais besoin d’attendre votre tour pour la salle de bain. Magnifique! La contrepartie, si vous ne voulez pas d’un colocataire crasseux, vous devrez investir dans une sorbetière dernier cri.


Propos recueillis par Aline Pornel, Librairie Sorcière Le Rat Conteur à Bruxelles, 2017

Archer Helmsley rêve d’aventures. Quoi de plus normal quand on s’appelle Helmsley, que l’on vit dans la maison biscornue et farfelue du 375 Willow Street et que vos grands-parents sont Ralph et Rachel Helmsley, les célèbres explorateurs? Cependant, le tempérament curieux d’Archer n’est pas tout à fait au goût de ses parents (des avocats sérieux, quelle idée!), ils espèrent même le tempérer en envoyant leur fils suivre l’enseignement de la redoutable Madame Murkley… Lorsqu’il apprend dans la Gazette des Doldrums que ses grands-parents ont disparu en Antarctique et dérivent sur un iceberg, Archer n’aura qu’une idée en tête: les retrouver. Dans cette aventure, il pourra compter sur le discret et peureux Oliver Glub mais aussi sur l’intrigante Adélaïde Belmont, ancien petit rat à la jambe de bois (s’est-elle vraiment battue avec un crocodile?). Et si rien ne se passe vraiment comme prévu, le lecteur, lui, se régalera des péripéties de nos trois camarades!… Nicholas Gannon signe un joli livre cocon, à dévorer ou à savourer, plein d’aventures et d’émotions. Des chapitres courts rythment le récit à lire seul ou à haute voix en famille. Petit bonus: ce titre regorge  d’illustrations soignées et délicieusement vintage. – Librairie Le Rat Conteur