Au fil de ses albums et de ses bandes-dessinées, José Parrondo a développé un univers graphique singulier et immédiatement identifiable.
Son trait dépouillé, tout en rondeurs, ses illustrations minimalistes évoquent irrésistiblement le monde de l’enfance.
Son trait dépouillé, tout en rondeurs, ses illustrations minimalistes évoquent irrésistiblement le monde de l’enfance.
De l’enfance justement Parrondo semble avoir gardé l’essentiel: la légèreté mêlée à une impalpable gravité.
C’est en tous cas le sentiment que j’ai en regardant son travail et plus encore depuis que je l’ai rencontré lui, une fois, à l’occasion d’un salon de libraires.
Rencontré c’est un bien grand mot puisqu’on a juste dû se dire bonjour … mais bref.
Il était un peu stressé à l’idée d’animer un atelier d’illustration qu’il rodait pour la première fois. Tout s’est évidemment fort bien passé.
En fin d’après-midi, il a branché une bande-son, il a sorti un ukulélé et il s’est mis à jouer.
Dans le brouhaha du chapiteau, la petite musique joyeuse et mélancolique à la fois a fait son chemin et les gens se sont peu à peu groupés autour de lui.
Ça a été un moment un peu hors du temps, un peu suspendu que j’ai adoré. Comme tout le monde visiblement, si l’on se fie aux grands sourires et aux applaudissements chaleureux qui ont suivi.
J’aurais voulu lui dire plein de trucs gentils après, parce qu’il avait l’air un peu à l’ouest ou alors juste fatigué et que je l’ai trouvé touchant.
Je voulais lui dire que j’avais aimé son atelier, la musique, ses bouquins mais rien n’est sorti. C’est con… Je suis souvent à côté de mes pompes dans ce genre de situation et en plus j’ai trouvé qu’il avait l’air timide et j’ai eu peur de le déranger.
Je me suis peut-être fait toute une histoire; c’est sûrement qu’un type ordinaire qui fait des livres pour enfants et voilà. Mais en recevant son dernier bouquin hier j’ai repensé à cet épisode et j’ai regretté encore de ne pas lui avoir parlé.
Bien, bien mes petits lapins. Après cette immersion palpitante dans la longue liste de mes regrets, je m’en vais vous dire deux mots du petit recueil paru aux éditions de l’Association.
Sous forme d’un joli petit calepin en cuir, il s’agit en fait d’un charmant recueil d’aphorismes, de pensées poétiques ou décalées qui ont pour fil conducteur …. heu, ben rien justement.
Ou alors si, juste la vie peut-être et les idées vagabondes d’un Parrondo qu’on découvre un peu poète et un peu humoriste.
Entre absurdité et naïveté, les petites phrases oscillent sans cesse entre le premier et le second degré, laissant deviner l’univers doux-amer et décalé de cet auteur. On dirait un morceau de ukulélé en livre en fait et j’adore ça.
« Dans le miroir, j’ai collé une photo de moi. Jeune ».
« Tu me le dirais, si j’étais un journal qu’on lit pour se donner une contenance ? »
Chaque phrase occupe une page, illustrée par le trait candide et précis de Parrondo qui habille sa nostalgie de couleurs très douces.
En feuilletant le livre sur le coin de la caisse une dame a dit : « c’est mignon, mais bon … ça sert un peu à rien quand même. »
« Cette nuit j’ai rêvé que je dormais. Etait-ce bien utile ? »
Pour ma part je suis fan de tout ce qui n’a aucune « utilité », ça doit être pour ça que ce bouquin me touche tant.
Moi ça m’a fait du bien de le lire et ça a fait marrer mon fils, c’est déjà pas mal, non ?
Parfois les ennuis mettent un chapeau
Texte et Illustrations de José Parrondo
Editions de l’Association
Texte et Illustrations de José Parrondo
Editions de l’Association