Lundi, Sam et Tom commencèrent à creuser un trou.
« Quand arrêterons-nous de creuser? demanda Sam.
– On est en mission, répondit Tom. On creusera tant qu’on n’aura pas trouvé quelque chose de spectaculaire. »

Armés de pelles, de langues de chat et de lait chocolaté, Sam et Tom sont bien décidés à creuser, encore et encore, jusqu’à trouver quelque chose de spectaculaire. Mais sous la terre, il y a encore de la terre, et rien que de la terre.

Peut-être faudrait-il creuser sur le côté ? Les voilà qui creusent à droite, puis à gauche, de nouveau tout droit, toujours plus profond, sans jamais rien voir du spectacle qui s’offre sous nos yeux. Car oui, nous lecteur, nous voyons. Nous voyons sous la terre les trésors enfouis, que les coups de pelle évitent de peu, frôlent et manquent de toucher à chaque instant.

Des diamants ! des gros, des petits, un énorme ! Comment font-ils pour passer à côté ? On s’amuse à leur crier, on rêve de les guider, on trépigne qu’ils soient si prêts… mais épuisés, ils s’endorment. Quand soudain, le sol devient plus friable. La terre qui était si dure s’ouvre, ils chutent ! Sont-ils arrivés au bord du monde ? Sont-ils parvenus au bout de leur rêve ? La chute est lente, vertigineuse. Comme Sam et Tom, le lecteur est en apesanteur… Et si le trésor n’était pas là où on l’attend ?

Le duo auteur – illustrateur fonctionne ici à merveille. Jon Klassen surprend toujours par la densité des couleurs sombres qu’il emploie, révélées ici par le papier, mat et profond. Cet incroyable illustrateur excelle dans l’utilisation du vide pour remplir l’espace, sans perspective ni complexité. Dans cette économie de moyens, il parvient pourtant à recréer toute la matière et la texture des profondeurs de la terre. Le récit joue avec les codes de l’enfance, de l’absurde et des petits riens… rien de spectaculaire, juste une incroyable aventure.

Lucie Charrier, librairie Les Enfants Terribles à Nantes

Sam et Tom, l’incroyable aventure – Texte Mac Barnett, illustrations Jon Klassen – Éditions Milan – date de parution: septembre 2014