Depuis 2019, la librairie Libr’enfant à Tours coordonne un dispositif de résidence d’auteur, -rice, en librairie, en partenariat avec 6 médiathèques de la métropole, Ciclic, l’agence régionale du Centre pour le livre, l’image et la culture numérique, et la ville de Tours. Après Marine Rivoal en 2019, c’est au tour de Jérémie Fischer de passer 2 mois en création artistique et en rencontres avec les lecteurs et lectrices.
Une amplitude temporelle, un espace hors les murs de l’atelier, une liberté d’expérimentation, des échanges inspirants et une bourse qui permet de remiser les contingences matérielles au placard, la résidence artistique n’est pas seulement une chance dans la vie de l’artiste, elle se présente comme une nécessité, un souffle qui fait avancer. La création est un métier qui a besoin de fugue, de chemins buissonniers, de pas de côté. Plus souvent portée par les institutions culturelles, la résidence en librairie est une version originale et assez méconnue du dispositif.
Chez Libr’enfant, l’idée a germé au fil des « offices » avec les médiathèques. Rachel raconte que les rendez-vous mensuels autour des nouveautés ont tissé des liens, qui se sont intensifiés jusqu’à ce que les libraires se disent : « Allons plus loin ! ». Plus loin en construisant un projet commun.
En 2019, en partenariat étroit avec les médiathèques, avec le soutien de Ciclic et de la ville de Tours, Libr’enfant coordonne et organise une première résidence et invite Marine Rivoal. L’illustratrice évoque ce moment salutaire dans le numéro 85 de la revue Citrouille (parution avril 2020). Cette année, c’est Jérémie Fischer, rencontré au salon de Montreuil, qui passe deux mois et demi à Tours, dans un logement mis à disposition par la ville. Carte blanche : la résidence Libr’enfant n’est pas conditionnée à une mission. « 70% du temps appartient à l’auteur, le reste se partage entre des rencontres à la librairie, dans les écoles et dans les médiathèques ».
L’exercice ne risque pas de déconcerter Jérémie Fischer, lui qui a appris à s’écarter des sentiers, à déconstruire, à émanciper le geste artistique, d’abord aux Arts déco de Strasbourg et puis à Leipzig, sous l’impulsion de professeurs inspirants. Une liberté créative qui le place comme un auteur important du catalogue des éditions Magnani chez qui il a publié La danse des étoiles, Les contes de Petit Duc ou encore L’Eléphouris.
La sérigraphie a longtemps été sa technique de prédilection, les collages sont venus plus tard. Composer, agréger, fabriquer, jouer librement… Jérémie Fischer est devenu un artisan en quête de simplicité, d’épure graphique, mettant l’objet livre au cœur de sa démarche. A ce titre, le passage par le prototypage s’impose parfois comme une manière de vérifier que le livre s’articule et « fonctionne ». Ce fut le cas par exemple pour Animaux, publié chez Les Grandes Personnes. Tantôt seul, tantôt en duo, souvent en collectif, Jérémie Fischer aime se confronter à la multiplicité des supports. L’affiche, la revue, la performance, la micro-édition… tout semble possible et pour cela, nous suivons sa résidence Libr’enfant avec une formidable curiosité !
Autour de Jérémie Fischer
• Présentation et bibliographie sur Ciclic (+ programme des animations et rencontres publiques) :
https://livre.ciclic.fr/vie-du-livre/projets-d-auteurs/les-auteurs-soutenus-cette-saison/jeremie-fischer-la-librairie-libr-enfant-tours
• Index Graphik, article du 6 février 2019 :
http://indexgrafik.fr/jeremie-fischer/
• Résidence en Ardèche, avec Marine Rivoal :
http://surlesentierdeslauzes.fr/residence-labo/jeremie-fischer-marine-rivoal/
• Entretien recueilli par Axelle Viannay
https://www.axelleviannay.com/single-post/2019/12/11/j%C3%A9r%C3%A9mie-fischer-lart-%C3%A0-port%C3%A9e-de-main
Retrouvez les livres de Jérémie Fischer sur notre site.