Rockin’ Éric, rencontré par la librairie Le Chat Pitre de Paris


Éric Senabre, auteur (son blog ici) de la trilogie Sublutetia publiée chez Didier Jeunesse, nous raconte comment, sur la proposition de son éditrice Michèle Moreau, il a écrit l’album Rockin’ Johnny


«Michèle Moreau savait que je faisais de la musique en dilettante, du rock. Elle m’a donc proposé d’écrire une histoire pour un livre disque sur ses origines. Très naïvement, je me suis dit que, après avoir écrit un roman, ç’aurait été facile d’écrire un texte de vingt pages. Mais je me suis aperçu que pas du tout! Certes, un album c’est moins long … mais pas plus facile! Il y a eu plusieurs versions!



C’est moi qui ai choisi les musiques. Je connais le rock des années 50 pour en avoir écouté dans mon adolescence, car mes idoles avaient été bercées par cette musique: Chuck Berry, Buddy Holly, sont des noms que j’entendais quand je lisais des interviews de mes musiciens préférés, ce qui m’a conduit à les écouter à mon tour. J’ai utilisé des musiques d’avant 1954, parce qu ‘à partir de cette date on pensait qu’elles n’étaient plus libres de droits. En 1953 il n’y avait encore aucun des tubes de rock qu’on connaît aujourd’hui, mais m’intéresser à ces débuts m’a permis de mettre en avant des auteurs plus intéressants d’un point de vue historique. Ma grande frayeur était de me retrouver avec une sélection musicale qui ressemblerait à la énième compilation de tubes qu’on trouve dans tous les bacs à soldes. Dans Rockin’ Johnny il y a à peu près trois morceaux mythiques incontournables: Johnny B. Goode, That’s alright mama, Tutti Frutti de Little Richard. Mais, pour le reste, je pense faire entendre des choses dont on a un peu perdu l’habitude, comme le morceau qui ouvre le disque, composé par un chanteur de Country.



La musique intervient de deux manières dans Rockin’ Johnny. D’une part comme élément d’une bande son originale, comme ce serait le cas pour un film. Un peu comme fait Martin Scorsese, avec des musiques qui plongent dans l’époque de l’histoire. Et en effet, les musiques du livre disque sont des musiques que les personnages auraient pu entendre à la radio à ce moment là. À côté de ça, il y a des musiques qui s’intègrent vraiment dans le récit, c’est-à-dire qu’on les entend comme si on était avec les personnages à ce moment là, par exemple au moment où le jeune héros commence à jouer du piano, où quand lui et son ami entendent Elvis à la fin. Là, on est à leur place et on entend ce qu’ils entendent. À la fin, je voulais intégrer à tout prix  That’s alright mama. Du coup il me fallait que l’histoire se termine de manière heureuse, avec une maman qui est justement «alright». Dans ce cas, la musique a carrément influencé un élément clef de l’écriture.


Enfin, il y avait aussi une petite volonté pédagogique de ma part. Par exemple en introduisant le morceau de Country dont on parlait tout à l’heure, je voulais montrer justement d’où on venait, car on commence à entendre des accents qui annoncent le Rock and Roll. De même, si l’histoire se termine avec Johnny B. Good c’est parce que ça referme, en quelque sorte, une boucle. On commence par quelque chose qui annonce le Rock and Roll et on termine par un morceau qui en est devenu emblématique».


Propos recueillis par Silvia Galli, librairie Le Chat Pitre à Paris

Rockin’Johnny Éric Senabre, Merlin Didier jeunesse


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