Salon du livre de jeunesse à Saint-Germain-lès-Arpajon : «Oeuvrer pour le développement de la Lecture pour tous, c’est toujours plus facile à plusieurs!»

Les Prix Sorcières 2018 seront remis le samedi 10 mars sur le Salon du livre de jeunesse à Saint-Germain-lès-Arpajon (Essonne), un salon porté par l’association FLPEJR depuis maintenant dix-neuf ans. Et à propos de cette association, les deux mots qui me viennent immédiatement à l’esprit, ce sont: bravo et merci… Bravo et merci pour cette énergie, pour ces actions menées au fil de toutes ces d’années, que son président, Patrice Ducrou, nous présente dans cette interview. Oui, un grand merci de la part des Librairies Sorcières, de l’ABF, de la commission Sorcières… et un merci tout particulier de la Librairie Sorcière La Vagabonde & sa Fabrique! – Par Véronique Fouché.


VÉRONIQUE FOUCHÉ: Le Salon a maintenant dix-neuf ans, sacrée histoire! Vous nous la racontez?
PATRICE DUCROU: Comme toutes les histoires dignes de ce nom, celle-ci  a commencé par LA rencontre: celle d’un directeur d’école élémentaire et de sa collègue directrice en maternelle. Voulant créer un événement pour réunir les familles de leurs deux écoles autour d’un projet fédérateur, ils pensèrent alors que le plus beau vecteur se devait d’être le livre. La première année ayant été un franc succès, ils renouvelèrent l’expérience et constatèrent que le public ne se limitait pas aux familles des deux groupes scolaires. Ils décidèrent alors de «structurer» ce rendez-vous en créant un «salon du livre de jeunesse» sur deux jours et ouvert aux communes avoisinantes avec, dès le départ, les deux volets majeurs de la rencontre d’auteurs illustrateurs en classe et la visite du salon. Ce qu’ils ne mesuraient pas encore, c’est que le salon allait passer à une semaine, dès la troisième édition et qu’il allait très vite s’adresser au département! Comme toutes les «histoires sans fin» dignes de ce nom, c’est surtout le rêve collectif de bénévoles réunis au service de la lecture publique qui continue d’alimenter ce rendez-vous incontournable du livre de jeunesse.
VÉRONIQUE FOUCHÉ: Parlez-nous s’il vous plaît du territoire où le Salon est implanté.
L’édition n°1 a été pensée, il y a dix-neuf ans, dans une dimension intercommunale. Saint-Germain-lès-Arpajon a été et reste encore aujourd’hui notre partenaire majeur, accueillant la manifestation et mettant à son service des moyens logistiques et techniques. L’équipe de départ a pris «son bâton de pèlerin» et a rencontré les Mairies d’un premier cercle. Si le premier salon a couvert le territoire de cinq communes, celui-ci s’est très vite agrandi, grâce à des partenariats divers avec les municipalités. Il a assez vite dépassé la vingtaine de villes, épaulé entre temps par le Conseil départemental, ainsi que le Conseil régional. À l’ère actuelle de l’intercommunalité, le territoire premier d’intervention s’est encore élargi (territoire de  Coeur d’Essonne Agglomération). Nous continuons tout de même à ouvrir notre manifestation à tout le département… dans les limites possibles de notre fonctionnement, bien sûr!
VÉRONIQUE FOUCHÉ: FLPEJR pour Frédéric, Louis, Paul, Elsa, Jules, Roland… et les autres… Qui sont ces gens, et les autres, qui ont donné leurs initiales au nom du salon?
PATRICE DUCROU: Ce sont tous les prénoms… des noms d’écoles et collège de la ville – je vous donne le premier: Fréderic Joliot-Curie… À vous de trouver les autres! Des écoles que l’on a voulu fédérer autour d’un projet commun. «Les autres…» sont tous les parents d’élèves qui nous ont rejoints, puis toutes les personnes venant de tous horizons qui ont grossi les rangs des bénévoles.
VÉRONIQUE FOUCHÉ: Tous les ans, vous choisissez un thème, cette année c’est l’eau. Pouvez-vous nous en dire plus?
PATRICE DUCROU: Le thème choisi est, pour nous, un «fil rouge» qui nous permet d’inviter des auteurs illustrateurs ayant écrit sur ce sujet – sans être un prérequis obligatoire, car nous invitons aussi en lien avec la qualité textuelle ou graphique et avant tout, sur des coups de coeur! Ce thème nous permet de proposer des concours, des expositions, des spectacles qui donnent à notre manifestation une couleur, une cohésion. Cette année, nous allons tous… à l’eau! Nous allons proposer des livres, des histoires, des lectures, des spectacles, qui se passent au-dessus, au-dessous, au bord de l’eau, sous toutes formes, mais aussi sans elle. Cette année, lire coule donc de source!
VÉRONIQUE FOUCHÉ: Une vingtaine d’auteurs illustrateurs invités au Salon, dans les écoles et les bibliothèques, des spectacles et des actions toute l’année… Avez-vous observé une évolution du public et de son rapport au livre… au fil de l’eau et des années? 
PATRICE DUCROU: Grâce aux milliers de rencontres d’auteurs en classe, sur dix-huit ans, nous avons tout d’abord réussi à faire revenir les enfants avec leur famille d’une édition à l’autre. Ces familles se sont agrandies. Les tranches d’âge se sont élargies. Nous avons maintenant un public fidèle qui vient chaque année, principalement du département, mais aussi de la région parisienne. Ce rendez-vous est très attendu et nous en sommes très heureux. La qualité éditoriale présente sur le salon a permis au public de découvrir d’autres propositions, d’autres formats, d’autres sujets qu’il ne connaissait pas. C’est maintenant un public plus «éclairé» qui vient découvrir les nouveautés. Les libraires, mais aussi les nombreux éditeurs qui viennent sur notre salon sont aussi acteurs de cette exigence.
VÉRONIQUE FOUCHÉ: Une rencontre en particulier qui vous aurait marqué?
PATRICE DUCROU: J’aurais tellement de rencontres à vous raconter! La liste serait trop longue et il m’est tout à fait impossible d’en mettre une en avant, tant elles sont uniques dans l’intensité de l’échange et du moment partagé. Nous avons reçu tellement d’auteurs et d’illustrateurs de très grand talent et d’une humanité hors pair…
VÉRONIQUE FOUCHÉ: Pour la deuxième année vous accueillez une librairie Sorcière sur le Salon… Peur du noir ou envie de nouveauté?
PATRICE DUCROU: Notre manifestation existe toujours car nous sommes constamment en recherche de propositions et de regards nouveaux sur la littérature jeunesse, elle-même en création permanente. Les librairies Sorcières font partie, à nos yeux, des «spécialistes du genre» et leurs propositions éditoriales, entre autres, sont tout à fait bienvenues chez nous! Et nous sommes particulièrement fiers d’accueillir cette année leur prix littéraire de qualité. Nous oeuvrons dans le même sens. Il était donc tout à fait logique que celui-ci trouve sa place lors de notre manifestation… En conclusion, permettez-moi ceci: oeuvrer pour le développement de la Lecture pour tous, au plus près de ceux qui l’écrivent et de ceux qui la diffusent, c’est toujours plus facile à plusieurs!


Propos recueillis par Véronique Fouché, librairie Sorcière La Vagabonde & sa Fabrique à Versailles


Le FLPEJR en chiffres : de 2000 à 2017, le Salon est passé d’une durée de 2 à 7 jours, de 42 à 104 classes en visite, de 6 à 25 villes partenaires, de 3801 à 8534 visiteurs, de 24 à 131 rencontres avec des auteurs ou illustrateurs, et de 4 à 35 éditeurs exposants.