«Si je rate, je recommence… et je suis assez maniaque!» – Amandine Momenceau

  • Publication publiée :25 janvier 2017
  • Post category:Archives
Amandine Momenceau, autoportrait ©

Dès le début de ses études, Amandine Momenceau s’est consacrée à l’illustration.  C’est pendant son master en arts plastiques qu’elle décide d’aller au bout de sa passion et de s’intéresser à la forme du livre animé. Maman Renard, réalisé en papiers découpés, est son premier livre. Un ouvrage prometteur.


LIBRAIRIE LES ENFANTS TERRIBLES: Tu ne dessines qu’avec des papiers découpés?
AMANDINE MOMENCEAU: Il y a sept ou huit ans j’ai découvert le papier découpé. J’avais vu un court-métrage de Michel Ocelot fait uniquement en papier blanc. Le travail de découpages, de pliages, les jeux d’ombres, les détails créés dans ce papier exclusivement blanc m’avait vraiment bluffée. J’ai ensuite laissé cela de côté, puis repris quatre ans plus tard en même temps qu’une pratique de gravure. De la linogravure. Très proche finalement du travail de découpes dans le papier. Je travaille le trait, les pleins et les vides, les «masses» de couleurs que j’assemble entre elles. C’est ainsi que j’ai procédé pour Maman Renard. C’est une technique qui me paraît «logique» dans la construction de l’image. C’est un jeu de superpositions, de collages: je fais chaque élément en entier et je les organise, les place les uns par rapport aux autres. J’aime quand le volume sert la narration. Le travail à l’ordinateur ne m’attire pas beaucoup. J’aime découper, travailler la matière, avec des outils différents: des ciseaux, un cutter, et manipuler les formes, faire des essais; si je rate, je recommence! Je suis assez maniaque!


Comment gères-tu ces jeux de reliefs? De volume? Dans Maman Renard, tu alternes entre de réelles découpes et l’ombre des papiers collés et imprimés. C’est très subtil.
  J’aime travailler la superposition avec des papiers épais. Lors du passage de l’illustration originale à son impression dans le livre, mes images ont été scannées puis imprimées: deux étapes qui viennent aplatir les images et ternir les couleurs. J’avais un peu peur que le résultat semble écrasé, plat, mais ce n’est le cas. Je suis même ravie du résultat! Je me doutais qu’il y aurait aussi des soucis avec les pages coupées à la moitié. Mais on ne m’a pas donné de contraintes, au contraire l’éditeur m’a vraiment accompagnée et aidée. Il a trouvé des astuces qui fonctionnent très bien! J’observe avec joie les enfants ou les adultes toucher le livre, tester si l’on peut, ou non, tourner la page ou le détail découpé; je sens qu’ils sont troublés car certaines ombres donnent l’impression d’une réelle épaisseur.


Et le texte? Quelle place donnes-tu aux mots?
  Je me sens profondément illustratrice. Ce sont les images avant tout. Pour Maman Renard, les images ont amené les mots. Ils étaient présents dans mon esprit quand je créais les renards. Ils sont comme une voix off, une voix intérieure, ce sont les pensées, les paroles de la maman. Aussi parce que je n’avais pas encore bien conscience de l’importance du texte, du rythme, de la sonorité. Le travail que je fais cette année avec des enfants dans une association à Nantes me pousse à prendre davantage en compte l’expérience partagée de la lecture à voix haute. Mais j’aime raconter par l’illustration et le genre du livre animé. Cela me passionne. Ce sont des livres qui me donnent envie de travailler le fond et la forme de manière à rendre la lecture interactive. Les Livres illisibles de Bruno Munari, comme les silhouettes découpées de Katsumi Komagata ont inspiré Maman Renard et continueront certainement d’influencer mon travail.

Propos recueillis par Lucie Charrier, librairie Les Enfants Terribles à Nantes.


Maman Renard
Amandine Momenceau
Éditions de L’Agrume

18€

Amandine Momenceau signe aux éditions de l’Agrume un très beau premier album entièrement réalisé en papiers découpés. Dans ce livre destiné aux plus petits, nous partons à la recherche de quatre renardeaux espiègles qui se cachent dans un paysage enneigé. Nous les cherchons, comme maman renard , soulevant une page, découvrant un nouveau paysage et un renardeau par-ci, un autre derrière un buisson, un autre encore juste derrière maman renard. Le livre invite au jeu, à la promenade, nous revenons sur nos pas, re-tournant une page pour voir comment le petit s’est caché dans ce paysage immaculé.Maman renard est un livre étonnamment élégant et dépouillé qui arrive à nous surprendre par sa construction simple et ingénieuse sur laquelle plane l’ombre bienveillante du grand Katsumi Komagata….. Librairie Les Enfants Terribles à Nantes