Sur le stand de Citrouille : Clotilde Perrin révèle ses secrets de fabrication

  • Publication publiée :26 novembre 2017
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Après le succès d’À l’intérieur des méchants (10000 ex. vendus), Clotilde Perrin nous révèle tous les trucs et astuces des gentils des contes. Avec ses flaps à soulever et ses systèmes à activer, À l’intérieur des gentils (pas si gentils…) dévoile les ruses diaboliques qui permettent aux héros de triompher des méchants, ce qui se dissimule sous leurs costumes et dans leurs besaces ! Clotilde revient sur les secrets de fabrication de cet album hors normes.

Comment est né ton projet de grands albums animés sur les personnages des contes ?
CLOTILDE PERRIN : Parfois, on aurait bien envie de savoir ce qu’il y a à l’in- térieur des individus. J’aime la complexité des gens, leurs ressentis ; je suis curieuse de connaître leurs émotions. Par exemple, j’adore le film de Michel Gondry, Eternal Sunshine of the Spotless Mind, où le Dr Mierzwiak extirpe une partie de la mémoire de Joel. On rentre alors dans son cerveau. Une nuit, j’ai eu l’envie de faire une maquette en papier à partir de cette idée. Par la suite, le projet s’est précisé. Je voulais prendre des personnages connus de tous et les contes se sont imposés. Et si on pouvait rentrer à l’intérieur du loup ? dans sa tête ? savoir comment il fonctionne ? Que pourrait-il bien y avoir dans son cœur ?

On retrouve dans chaque personnage des références à une multitude de contes précis. T’es-tu basée sur un travail de recherche? Pourquoi avoir fait ce choix ?
C. P. : Oui, j’ai lu et relu une quantité astronomique de contes. Et ce n’était pas pour me déplaire. Tous les textes des frères Grimm aux éditions Corti, ceux traduits aussi par Armel Guerne, tous les textes de Perrault, l’antologie d’Andersen, sans oublier les contes russes. J’ai fait ce choix pour que mes personnages soient exacts, pour les connaître au mieux. Maintenant, je connais le loup comme ma poche. C’est avec une amie qui a fait des études en psychologie, Maya Marconnet, que nous avons décrit chaque personnages de contes. Nous les avons décortiqués, nous avons cherché leurs névroses, leurs angoisses, leurs peurs comme s’ils étaient des patients à soigner.

La conception des livres est particulièrement originale. Comment inventes-tu tous ces systèmes ?
C. P. : Je tâtonne beaucoup, je découpe, je colle, je troue, je colle. C’est une étape joyeuse car je peux inventer ce que je veux. Parfois, certains systèmes sont mal foutus. Mais je travaille avec une ingénieur papier, Emma Giuliani de l’atelier Saje. Il y a beaucoup d’allers-retours entre nous. Je réalise plusieurs maquettes en papier afin de pouvoir les manipuler et c’est grâce à Emma que mes systèmes se perfectionnent.

Quel rôle ont joué ton éditrice et la fabricante dans la réalisation de l’ouvrage ? Comment s’est articulé ton travail par rapport au leur ?
C. P. : Mon éditrice, Angèle Cambournac, a réussi à ce que tout se passe bien. Elle a joué un rôle de conseil, par exemple dans le choix des textes et la mise en valeur de toutes les informations qu’on trouve dans le livre. Avec la fabricante, Ombeline Canaud, elle a adapté les maquettes « artisanales » pour une impression à grande échelle. Ce travail a été récompensé l’année dernière pour À l’intérieur des méchants : nous avons reçu le prix de fabrication La Nuit du livre, dans la catégorie livres animés. Il y a aussi beaucoup d’échanges entre les différents intervenants. Angèle a dû gérer la bonne communication autour du projet. C’est assez stressant quand un projet passe de main en main. Mais au final, l’album est comme je l’avais imaginé. Je suis ravie et je remercie toute l’équipe du Seuil jeunesse pour la qualité de leur suivi. C’est une belle équipe. 

(propos recueillis par l’éditeur)