Voici le récit d’une enfance en Indochine… entre Les Malheurs de Sophie et Un barrage contre le Pacifique. Paule se souvient… Son enfance en Indochine, la concession dans laquelle vit sa famille et leurs domestiques, le jardin d’acclimatation, les arbres exotiques et les bêtes sauvages… Et surtout sa mère, une femme sévère et distante, qui craint sans cesse pour la vie de ses enfants et les empêche d’aller et venir à leur guise. Petite Sophie de Réan fantasque, Paule ne fait que des bêtises. Mais c’est parce que personne ne la comprend! Heureusement, il y a son tigre, un animal porte-bonheur tapi dans les fourrés au fond du jardin – à l’abri du monde compliqué des adultes… Personne ne le voit et c’est tant mieux: ce tigre est son meilleur confident, et il l’aidera à surmonter la plus terrible des épreuves. Rencontre avec son auteure, Anne-Marie Pol.
PKJ : Comment est né ce beau roman, qui semble plus personnel que les précédents ?
ANNE-MARIE POL: Tous mes romans sont personnels car ils sont tous basés sur mes souvenirs, mes émotions ou mes expériences. Même cachée sous le déguisement d’un personnage, j’ai toujours travaillé à partir de moi-même. Pour Un Tigre, en plongeant directement dans mon histoire familiale, j’ai eu envie de rendre hommage à ma mère qui a été une petite fille courageuse et très seule.
Comment avez-vous construit ce récit?
Je l’ai voulu «déconstruit», justement! C’est-à-dire que je l’ai écrit comme d’autres tricoteraient un patchwork avec des petits bouts de laine. Dans mon cas, il s’agissait de petits bouts de vie, sans intrigue classique les reliant entre eux, à part la présence imaginaire (ou réelle) du Tigre. Une fois ces souvenirs rédigés, je les ai ordonnés de façon à avoir une certaine progression dramatique.
Qu’est-ce qu’un roman comme Un Tigre dans le jardin a en commun avec vos autres romans?
Le personnage central: un enfant (ou un adolescent) plutôt seul face au monde des adultes où, à la suite de circonstances particulières, il va bientôt basculer à son corps défendant.
Quel souvenir garderez-vous de votre mère?
J’ai encore ma mère et je peux dire que ce qui me frappe toujours chez elle est son énergie vitale.
Et quel enfant étiez-vous?
J’aimais imaginer, comme elle au même âge, lire pendant des heures et me déguiser pour sortir mon chien. Lors d’une fête des mères, j’ai offert à Maman mon premier roman, écrit sur un cahier pendant l’étude, en pension.
Quel est votre livre préféré?
S’il s’agit d’un des miens, il m’est difficile de répondre car je les aime tous! Mais j’ai une tendresse particulière pour Promenade par temps de guerre, mon deuxième roman — écrit pour mon père. Sinon, je lis beaucoup et L’Acacia, de Claude Simon, a été pour moi une découverte majeure.
Un coup de coeur des éditions PKJ.