Witty so british ! (une interview de Béatrice Vincent)

  • Publication publiée :15 janvier 2017
  • Post category:Archives
Béatrice Vincent par Marc Boutavant
Après sa collection Witty, Albin Michel Jeunesse lance Mes premiers Witty. Un format assez grand, une  pagination relativement importante, pour des textes toujours courts et abondamment illustrés. Et le même choix que pour la collection aînée: un humour so british! Interview de l’éditrice Béatrice Vincent par Simon Roguet (librairie M’Lire à Laval).

SIMON ROGUET: Quel public visez-vous avec cette nouvelle collection?
BÉATRICE VINCENT: Mes Premiers Witty s’adressent à la tranche d’âge qui précède Witty, c’est-à-dire les 7-9 ans. Ce n’est donc pas de la toute première lecture et la démarche n’est pas pédagogique. Il s’agit bien de premiers romans, souvent très courts, parfois un peu plus longs, mais jamais dans une pagination susceptible de dissuader des lecteurs débutants.  


Qu’est-ce qui relie ces nouveaux textes à leurs aînés publiés en Witty?
  L’humour, bien sûr! L’idée est, comme dans Witty, de faire rire ou du moins sourire le lecteur sur une gamme variée, qui va du non-sens très british d’un Michael Rosen aux gags exubérants de Tim Collins, en passant par des univers plus délicats comme celui de Cerrie Burnell – dont le premier roman, Harper et le Parapluie rouge, qui vient de paraître, rappelle la saveur d’une Madame Pamplemousse. Ce qui lie aussi les deux collections est la nature du récit: l’histoire d’un héros/anti-héros ordinaire, toujours un enfant, glissant soudainement dans l’extraordinaire.


Vous n’aurez que des auteurs anglo-saxons dans cette nouvelle collection?
  C’est dans les catalogues anglo-saxons, anglais en particulier, que je trouve les textes qui correspondent le mieux à une ligne éditoriale qui, finalement, est celle de Witty depuis le premier titre. L’esprit de la collection est profondément marqué par l’humour anglais, et les auteurs anglais en sont par définition les meilleurs représentants. Il est donc très probable que ce soit principalement leurs oeuvres qu’on retrouve aussi dans Mes Premiers Witty.


À quoi est due, selon vous, cette particularité des auteurs anglo-saxons par rapport aux auteurs français?
  À la culture littéraire dont sont respectivement imprégnés, je pense, les uns et les autres. Les auteurs français portent peut-être un héritage plus solennel qui les incite à construire des récits structurés par les idées (même si cela n’exclut pas l’humour!), tandis que les auteurs anglais, héritiers des maîtres de l’absurde ou d’un réalisme «ironique», livrent plus facilement des récits débridés; craignant peu la faute de goût, ils s’autorisent souvent plus d’excès en matière d’humour. Pour résumer très grossièrement, les uns sont les héritiers de Zola, les autres de Dickens. Il y a indéniablement chez les auteurs anglais une fantaisie culturelle qui les rend habiles dans le domaine du roman d’humour.


Comment avez-vous conçu la mise en page et le rapport texte-illustration?
  Les mises en pages sont différentes d’un titre à l’autre, mais l’illustration reste bien sûr un élément clef de la collection et a souvent une fonction narrative aussi importante que le texte. La dynamique du rapport texte-image dans ces livres se rapproche davantage de celle de l’album que de celle du roman. Cette grande part laissée à l’illustration donne parfois une impression de volume, alors que les textes au sens strict peuvent être très courts. Mais quelle que soit la pagination, l’objectif est que ces romans restent parfaitement accessibles aux lecteurs débutants.


Quels sont les titres à venir?
Plusieurs textes de Michael Rosen illustrés par Tony Ross sont programmés pour 2017. Cette collaboration entre ces deux grands artistes est vraiment réjouissante (tout autant que l’est celle entre David Walliams et Tony Ross). On ne peut pas parler de série car il n’existe aucun lien entre les histoires et que les personnages changent à chaque nouveau titre, mais Rosen construit une véritable galerie de portraits, corrosifs et poétiques, où sous sa plume les pires tares se transforment en grâces. Et vient donc de paraître Harper et le parapluie rouge. Il s’agit d’un roman mystérieux et poétique où une petite fille part à la recherche de son chat disparu, portée dans les airs par un parapluie magique et soutenue par une bande de personnages totalement excentriques et irrésistiblement drôles. C’est un texte splendide, qui vibre d’une musique très singulière et confirme que le roman jeunesse peut assurément être de la littérature.


– Propos recueillis par Simon Roguet, librairie M’Lire à Laval




Coll. Mes premiers Witty – 8,50€ – Premières lectures

Après avoir largement ouvert la porte des romans illustrés pour les neuf-douze ans avec la collection Witty, les éditions Albin Michel Jeunesse déclinent désormais celle-ci pour les plus jeunes avec Mes premiers Witty, qui cible plutôt les six-huit ans. Parmi les premiers textes publiés, on retrouve l’auteur de l’inoubliable album La chasse à l’ours, Michael Rosen. Avec Crumble, il nous offre un très joli texte où le fameux Crumble (c’est un chien) fait passer un entretien à la petite fille qui souhaite l’adopter. L’histoire est tout à fait charmante et les enfants se reconnaîtront dans les réponses de la petite fille. Les illustrations du toujours efficace Tony Ross s’accordent parfaitement avec ce chouette récit. Le deuxième titre de la collection est beaucoup moins classique et beaucoup plus déjanté. Avec Colin de l’espace, Tim Collins nous entraîne dans une aventure complètement farfelue mais terriblement drôle. Colin vient de découvrir que le nouvel arrivant de l’école, Harry, qui lui semblait un peu bizarre, vient en fait d’une autre planète et qu’il a évidemment le pouvoir de faire des bonds dans le temps et l’espace. Rien que ça… Évidemment, il fait tout cela en se plongeant dans une poubelle magique qui lui sert de vaisseau. Ce texte est particulièrement loufoque et les jeunes lecteurs devraient apprécier. 
– Librairie M’Lire