Jakob Vegelius, Prix Sorcières Romans Juniors 2017 : «Mes personnages sont ambigus, comme nous le sommes tous.»

Jakob Vegelius
VÉRONIQUE FOUCHÉ: Votre livre, Sally Jones, a reçu le Prix Sorcières…  Une sorcière pour une gorille en salopette un peu magicienne, ça vous va?
JAKOB VEGELIUS: Je suis bien sûr très heureux et fier de ce prix très prestigieux!

Le livre raconte les aventures rocambolesques de Sally Jones, jeune gorille mécanicienne sur un bateau, et du Chef, Henri Koskela, capitaine du bateau. D’où vous est venue l’idée de ce couple de héros?
Je ne peux réellement pas dire… Ils ne sont en tout cas pas inspirés par des personnages réels.

Sally Jones, très attachée au Chef, va devoir mener l’enquête afin de prouver l’innocence de ce dernier, accusé à tort de meurtre. Pourquoi faire mener une enquête chez les hommes par une héroïne qui ne peut pas parler?
Je n’ai pas de bonne réponse à cette question non plus. C’est souvent très difficile de retracer le cheminement d’une idée!

Sally Jones va croiser différents personnages, certains bienveillants, d’autres rudes, voire mégalomanes… Pourtant aucun personnage n’est caricatural, ils ont tous leur part d’ombre ou de lumière. Fiction ou observation?
Comme je vous le disais, aucun personnage n’est basé sur de véritables personnes. Mais je suis heureux qu’ils soient ambigus, comme nous le sommes tous.

Votre livre est une véritable invitation au voyage. L’action se déroule dans différents pays, notamment au Portugal et en Inde. Voyage imaginaire ou documenté?
J’ai effectivement voyagé dans la plupart des lieux décrits dans le livre, mais je n’utiliserai pas ce livre comme guide de voyage! Le rêve a sa part lui aussi…

Vous êtes auteur, illustrateur et designer graphique. Est-ce un choix de départ?
Non… ça s’est juste trouvé comme ça. Mais à un moment j’ai décidé d’essayer d’en vivre.

Depuis quand écrivez-vous? Et Pourquoi écrivez-vous?
J’écris depuis l’enfance. Quant à la seconde question… Je n’ai pas de réponse courte à lui apporter. Peut-être que je ne le sais pas exactement moi-même.

Comment et quand écrivez-vous?
Sur un portable. Quand j’ai le temps.

Combien de temps l’écriture de Sally Jones vous a-t-elle pris?
J’ai travaillé plus ou moins assidûment sur le livre pendant six ans. Les illustrations m’ont pris une année presque entière.

Quelles sont vos influences littéraires? En jeunesse?
Hergé et Tove Jansson.

Quelles sont vos autres sources d’inspiration?
J’ai passé pas mal de temps en mer, surtout quand j’étais plus jeune.

Pensez-vous au texte avant l’image, en même temps ou inversement?
Le texte en premier, puis les illustrations. Mais quand les illustrations sont faites, je travaille à nouveau le texte…

Pensez-vous à votre lecteur quand vous écrivez? Et d’ailleurs… pour qui écrivez-vous?
Je ne pense pas vraiment au lecteur… Et j’écris pour tous, j’espère. Un bon livre pour la jeunesse peut être apprécié par des lecteurs de tous âges.

Propos recueillis et traduits par Véronique Fouché, Librairie Sorcière la Vagabonde & sa Fabrique à Versailles



Sally Jones est une gorille qui sait lire et écrire, comprend ce que les humains disent, et a appris la manière dont ils réfléchissent… Mécanicienne, elle accompagne Henri Koskela qu’elle surnomme le Chef. Tout est parfait jusqu’au jour où, en rade à Lisbonne, ils se retrouvent embarqués dans une sale affaire, et où Koskela, accusé de meurtre, se fait emprisonner. Commence alors l’enquête de Sally Jones, qui l’entraîne du quartier d’Afalma aux lointaines contrées de l’Inde, afin de prouver l’innocence du Chef… Voici un grand roman d’aventure, bourré de rebondissements et d’émotions. On est séduit par la douce chanteuse de fado Ana et par le luthier signore Fidardo, on voyage avec Sally Jones jusqu’au palais du maharadja de Bhapur… Tout est soigné dans ce livre de plus de cinq cents pages: l’intrigue digne des meilleurs romans policiers, les illustrations qui ne sont pas sans rappeler l’univers d’Anthony Browne, et la traduction assurée par des expertes en suédois et en français.