Propos d’Alain : la médiatisation du livre jeunesse de l’ORTF à Anne Gaillard.

  • Publication publiée :21 juin 2017
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Un article d’Alain Fievez, alors libraire Sorcière, paru sur le site de Citrouille en  2005.

Ah ! si la presse écrite, si les radios, si les chaînes de télévision présentaient la richesse de la littérature jeunesse! … Oui, mais il faudrait des émissions critiques davarntage que des publicités pour un titre ou une collection… Oui, mais il serait important de parler des ouvrages de fonds et pas seulement des nouveautés. Oui, mais …

Des pionniers, des militants ont voulu être ces porte-parole d’une littérature jeunesse dont il fallait faire découvrir les richesses et les trésors : 
Monique Bermond et Roger Boquié dés 1962 dans Allo, allo, ici Jeunesse à la télévision, puis à partir de 1970 sur France-Culture dans Le livre, ouverture sur la vie
Natha Caputo à l’ORTF, Odile Limousin sur Antenne 2, dans des émissions dont les titres et les formes varièrent ;
Marie Lallouet et Yves Meyssirel, avec Ascenseur pour l’aventure sur Antenne 2 ;
Denis Cheissoux et Patrice Wolf, chaque samedi matin depuis 1987 avec L’as lu lu mon p’tit loup sur France-Inter; 
les libraires jeunesse avec Jean Offredo dans TF1 matin, un samedi par mois durant 1990;
Ruth Stegassy sur France Culture, quand elle avait une émission consacrée à l’éducation ;
Florence Noiville dans Le Monde, après Nicole Zand. 
Et puis il y a les dossiers sélection de Télérama, les multiples émissions locales de libraires ou de bibliothécaires sur les radios (Radio-Aligre à Paris avec Véronique Soulé), et les quelques rubriques de la presse nationale ou régionale (André Delobel dans la La République du Centre)…
De ces tentatives pertinentes, de ces combats inlassables depuis197O, soulignons l’impact d’Anne Gaillard sur France-Inter. A cette époque (1975-1977), la journaliste anime une émission quotidienne qui commence à 11 h. Essentiellement consacrée aux problèmes de consommation, l’émission se déroule avec un ton incisif, mordant et critique. 
Après son reportage sur les ateliers “libres-enfants” (référence à Summerhill paru chez Maspéro en 1972) et sa rencontre à cette ocacsion avec leur responsable Cécile Alvergnat, également créatrice de la librairie jeunesse La Lecture buissonnière (Paris 15e), Anne Gaillard invite régulièrement la libraire à parler littérature jeunesse à l’antenne. Sur une chaîne nationale, à une heure d’écoute importante, les auditeurs découvrent des maisons d’édition innovantes (Harlin Quist, école des loisirs…) et une critique sans concession des productions dominant alors le marché, comme les éditions Touret. Des auteurs, des éditeurs prennent la parole ; des polémiques se développent à propos de certains ouvrages, du caractère déroutant d’illustrations troublant nos habitudes esthétiques. Anne Gaillart et Cécile Alvergnat populariseront durant ces deux années la réalité d’une littérature de jeunesse variée et riche: restera aux libraires d’en disposer…
Alain Fievez