Des voix dont l’énergie et la volonté triomphent des frontières – par la librairie La Courte Échelle

  • Publication publiée :22 avril 2018
  • Post category:Archives

Ce matin, en écoutant la radio, nous avons pensé à Bassima et à Traverser l’autoroute. Deux livres publiés il y a quelques mois, faisant écho au journal de 8 heures. Les mêmes verbes : partir, quitter, fuir, survivre, traverser, se battre, survivre, s’entraider, faire la guerre, accueillir… Mais un mot n’y était pas. Un mot que ces deux livres proposent. L’espoir…

Bassima
Sculptures : Alain Burban
Photographies : Paskal Martin
Textes : Agnès Pansart
éd.Ateliers Art Terre

«Bassima Polipro, elle a 8 ans. Et dans sa langue, son prénom veut dire « sourire ». Mais ce qu’elle vit là, ça ne fait pas sourire du tout… Dans son pays, c’est la guerre !»

Bassima est un oiseau. Elle et sa famille doivent fuir leur pays. La traversée vers un nouveau pays est longue. Mais le voyage contient la promesse d’une vie paisible et donne du courage. Cependant, au pays de l’arbre en or, la famille Polipro n’est pas la bienvenue. Le roi n’est pas prêt à partager les richesses. «Nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde !». D’autres familles arrivent d’ailleurs, désemparées, ne sachant où aller… Pourquoi ne pas monter dans le vaisseau lanterne de Monsieur Lampion ? Ils embarquent, atterrissent sur un arbre nu où tout est à inventer… Les Oukoumi, les Kilitou, les Tricoti, les Polipro, ensemble, solidaires, construisent une maison qu’ils appellent Yallah. Yallah, en avant !

Cet album a été conçu et fabriqué dans la grande tradition des Ateliers Art Terre. Tous les décors et personnages ont été créés par Alain Burban à partir de matériaux de récupération. Les vidéos du making off donnent toute la mesure de l’ingéniosité et du savoir-faire du sculpteur/auteur et plairont beaucoup aux enfants ! Ils sont ensuite photographiés par son complice Paskal Martin. Chaque image est finalement composée et sténographiée autour du texte d’Agnès Pansart.

Bassima est une histoire gorgée d’humanité. La métaphore des oiseaux évoque les questions de migration et d’hospitalité avec simplicité et poésie. La guerre, le repli sur soi, la peur de l’autre… Mais aussi, surtout, par-dessus tout, la solidarité, le partage, la fraternité.

Traverser l’autoroute
Maxime Fluery
Cheyne éditeur

«Je le vois, je le vois pas, je le vois, je le vois pas… De l’autre côté, mon père a l’air fatigué. Je le vois, je le vois pas, je le vois, je le vois pas… C’est pas comme si je pouvais vraiment distinguer son visage, mais je sais pas… peut-être l’allure générale, ses épaules qui paraissent plus basses.»

Un enfant dans un campement. Une autoroute. Et de l’autre côté, son père. Comment l’enfant pourrait-il le rejoindre ? Comment traverser l’autoroute ? Le flot des voitures ne s’interrompt jamais. Il faut se contenter de regards, de gestes interrompus par le trafic. Des tentatives échouent… Et puis un jour, la neige…

«Traverser l’autoroute, nous dit Cheyne Editeur, résonne particulièrement avec la situation des exclus, des déracinés et des migrants d’aujourd’hui comme d’hier. Mais cette courte fable n’est pas une énième complainte sur l’exil ou le déracinement. Au contraire, elle fait entendre une voix dont l’énergie et la volonté triomphent des frontières.»

Pendant l’été 2017, à l’occasion du Festival Lectures sous l’arbre, la fable de Maxime Fleury a été lue par Denis Lavant. Ponctuée par les interventions d’Edwy Plenel, cette lecture a succédé à celle de Matin Brun, révélant ainsi une complicité entre les deux livres. Le désir d’être des livres citoyens.