Ivan est un gorille vivant depuis vingt-sept ans dans une cage. Attraction principale d’un cirque de centre commercial, son succès s’amenuise d’année en année. Son propriétaire doit trouver une nouvelle «star» pour attirer les foules et un jour, Ruby, une petite éléphante, va faire son apparition et bousculer la vie du gorille. Alors qu’Ivan s’accommodait de sa situation, la tristesse de la petite éléphante va le bouleverser et il n’aura de cesse de trouver un moyen de la sortir de sa cage. Au-delà de l’histoire très émouvante d’Ivan et de ses compagnons d’infortune, l’auteur dénonce évidemment les conditions de vie de tous ces animaux sauvages meurtris pour devenir des animaux de cirque. On ne dresse pas un animal sauvage en douceur pour lui faire faire des tours; il faut d’abord le briser… Ivan le Gorille a réellement existé, le seul et l’unique: Ivan l’artiste. Katherine Applegate lui prête sa plume pour nous raconter son histoire. Un très beau roman, à mettre entre toutes les mains à partir de neuf ans.
Seul avec mon chien – B. Masini – Éd. La Joie de Lire – 12€
Dans un royaume lointain Miro, onze ans, et son fidèle chien Tito sont inséparables. Cependant le roi, un tyran cruel et capricieux, édicte une loi demandant l’extermination de tous les chiens du pays; tout contrevenant à cette loi odieuse se verra jeté en prison… Cachant son compagnon dans son sac à dos, le jeune Miro n’a plus d’autre choix que de fuir. Ses parents, en résistance eux aussi, lui ont donné un rendez-vous situé à dix jours de marche. À travers la forêt, le désert aride et autres lieux inhospitaliers, leur périple prend l’allure d’un voyage initiatique au cours duquel ils vont se confronter à la peur, le doute et la faim, mais aussi à l’espoir, soutenus en cela par leur profonde affection mutuelle. Béatrice Masini signe là une fable à l’écriture sensible délicate, sur l’amitié et l’importance de nos choix. Une belle leçon d’amour et de courage sur fond de résistance.
Le Mystère de Lucy Lost – M. Morpurgo – Éd. Gallimard Jeunesse – 15,50€
1915. Un père et son fils découvrent une petite fille livrée à elle-même sur une île déserte. Muette, l’enfant va être accueillie à bras ouverts au sein de la famille qui fera tout ce qu’elle pourra pour l’aider à se rétablir. Mais la fillette semble avoir oublié ce qui lui est arrivé et ne recouvre pas l’usage de la parole. Parallèlement l’auteur nous emmène alors de l’autre côté de l’océan Atlantique dans le quotidien d’une enfant, Merry, dont le père est parti à la guerre. Elle s’apprête à le rejoindre avec sa maman, à bord du flamboyant Lusitania, le Titanic anglais qui finira coulé par un sous-marin allemand. Vous l’aurez compris, il s’agit de la même petite fille, avant et après le terrible naufrage. On halète avec elle, on a froid dans cette eau glacée, on a peur, perdu avec elle dans l’océan. Et avec elle aussi, on reprend goût à la vie, on recommence à aimer. Un naufrage, une perte, une adoption, une histoire d’amour et l’aventure d’une reconstruction… Michael Morpurgo signe ici un de ses plus beaux romans, dont la trame lui a été inspirée par la vie de sa grand-mère. Très touchant, absolument passionnant, construit et écrit d’une manière admirable, il est à offrir dès onze-douze ans, aux pré-ados qui n’ont pas froid aux yeux.
Trois exploits de Till l’espiègle – P. Lechermeier, G. Dorémus – Éd. Les fourmis rouges – 14€
Les piquantes fourmis rouges nous proposent une fois encore un livre hors du commun. Les deux artisans à l’œuvre, Philippe Lechermeier au texte et Gaëtan Dorémus aux illustrations, nous font découvrir un personnage méconnu du grand public et pourtant haut en couleur. Vaurien, voleur, responsable de toutes les misères, c’est ainsi que Till est considéré dans sa ville de Groskrotmemehr. Mais gare à ceux qui le houspillent car Till est rancunier et ne manque jamais d’idées lorsqu’il s’agit de se venger. À peine a-t-on mis un œil dans le recueil que le rythme nous emporte: les auteurs jouent sur l’humour, le grotesque et l’accumulation pour mieux mettre en évidence l’absurdité des comportements humains, tels les fabulistes du XIVe siècle. Ce livre est un vrai régal, un concentré de malice, d’humour et de poésie à déguster sans attendre.
De cape et de mots – F. Vesco, C. Gastaut – Éd. Didier Jeunesse – 14,20€
Dans cette histoire on découvre avec plaisir la vie de Serine qui s’est engagée comme demoiselle de compagnie de Sa Majesté, et ce n’est pas une mince affaire: la reine tyrannique ne cesse d’inventer de nouveaux caprices impossibles à satisfaire et les demoiselles de compagnie se succèdent les unes après les autres au château. Mais le style décomplexé de Serine, son sens de la repartie et la chance qui surgit quand on ne l’attend pas, vont semer le trouble au sein de la cour et l’aider à se faire une place de choix légèrement différente de ses premières ambitions. L’héroïne est si drôle, fine, spontanée et en même temps un peu irréfléchie, qu’elle nous entraîne forcément dans une histoire pleine de péripéties. Des rebondissements comiques, des traits d’esprit jubilatoires, des situations désarçonnantes. Vanité, bienséance, tromperies, histoires de politique et de lits, tout est là pour nous faire rire. Ça déménage, c’est un régal, et l’on se demande comment l’auteur peut avoir autant d’inventivité et de bons mots!