Il est l’heure. L’heure d’écouter l’histoire, l’heure de jouer une dernière fois, l’heure de ranger ses outils, de sortir du bain, de passer à table… Pour Nin, Nestor, Nana, Nora, Noé et Nelson, c’est la fin de la journée qui sonne. Mais pour Nomi le tout petit, la tristesse grandit. C’est l’heure bleue, l’heure du chagrin mystérieux…
Transmises de bouches à oreilles, de générations en générations, les explications des «pleurs du soir» des nourrissons, évoquent tantôt le coucher du soleil, l’influence de la lune, la fatigue ou le stress, oscillant entre réalité et croyance, savoirs et secrets de grands-mères.
Démuni, chaque parent qui vit ces instants aimerait croire à n’importe quel remède… Mais il pourra maintenant compter sur Ghislaine Herbera, qui a su saisir ce moment.
Le dessin, la construction du récit comme le traitement des couleurs, parfaitement maîtrisés, décrivent ce sujet rarement traité dans les albums. Un lent travelling laisse découvrir un à un les membres de cette famille qui s’active, anime la maison et tente de retarder l’heure; une agitation adoucie par les nuances bleutées, rosées, jaunies, comme par les lignes et les arrondis.
Ghislaine Herbera désamorce cet épisode grâce à la tendresse collective et l’attention instinctive, elle nous enveloppe de sa nuit, nous sommes apaisés, comme Nomi, qui s’est endormi…
Lucie Charrier, librairie Les Enfants Terribles à Nantes
L’heure bleue – Ghislaine Herbera – MeMo – Parution : août 2014