Sans manichéisme et avec une grande palette d’émotions: Un été en apnée, de Max de Radiguès – lu par la librairie La Boîte à Histoires

Un coup d’œil dans le rétroviseur pour une BD parue l’année dernière et que je découvre avec bonheur à peine maintenant. C’est Max de Radiguès (son blog ici) qui en est l’auteur et qui signe une fois de plus une jolie chronique sur l’adolescence. J’avais découvert cet auteur avec la bande-dessinée Frangins qui nous plongeait dans la relation houleuse entre deux demi-frères. Puis j’avais adoré 520 Kms, une BD parue il y a deux ans, où l’on suivait Simon fuguant en stop pour rejoindre sa petite amie à Montpellier….

Ici nous sommes avec Louise qui passe les vacances d’été avec sa cousine Manon.

Elle vient tout juste de larguer son petit ami Simon en changeant simplement de statut Facebook. De «en couple», là voilà passée à «célibataire» – précisons que c’est sa cousine qui lui a forcé la main en appuyant elle-même sur le touche «valider»…

Louise ne sait pas trop pourquoi elle s’est laissée faire mais elle s’en fiche un peu après tout. Simon a l’air amoureux d’elle, c’est vrai, mais elle ne sait pas vraiment si elle l’aime ou si elle l’aime bien. Il y a pourtant une différence non? Peut-être est-elle simplement flattée de savoir que quelqu’un est amoureux d’elle.

Trêve de prise de tête, c’est l’été, c’est les vacances et Louise compte bien en profiter. D’ailleurs sa cousine, beaucoup plus délurée qu’elle, ne va guère lui laisser le choix: elle accoste sans complexe deux garçons sur la plage et un rencart est déjà fixé pour le soir même, pendant la séance de ciné en plein air.

Manon a craqué sur un des deux garçons et aimerait, tant qu’à faire, que sa cousine la suive avec le second: il est plutôt mignon…. alors pourquoi pas tenter le coup ?

Là encore, Louise suit le mouvement sans trop savoir ce qui se passe. Elle flirte même avec le Quentin en question sans être convaincue, tout en se surprenant à penser à Simon ….

C’est un dénommé Arthur, souvent malmené par les deux autres, qui va finalement attirer l’attention de la jeune adolescente, décidément peu réceptive à l’humour lourdaud et aux attitudes macho de ce brave Quentin….

Tout est dit dans cette BD, des premiers émois amoureux, du cœur qui s’emballe, des déceptions, du dégoût, des idéaux et de tous les sentiments contradictoires qui traversent ces années d’adolescence.

Difficile de résister à la pression amicale, difficile aussi de pas rentrer dans les normes, comme cet Arthur qui n’a vraisemblablement encore jamais embrassé une fille…

Les deux précédents titres, 520 kms et Un été en apnée, peuvent se lire indépendamment de cet album, ou en miroir, délivrant intelligemment le point de vue du jeune garçon et de la jeune-fille, sans manichéisme aucun mais avec au contraire une grande palette d’émotions et beaucoup de justesse.

On apprécie une fois encore le sens aigu de l’observation dont sait faire preuve Max de Radigues, qui nous fait ainsi partager une tranche de vie pleine de vérité et de fraîcheur. Le dessin expressif et simple, la mise en page claire et lisible sont au service d’un scénario subtilement construit et plein de sensibilité.

Promis juré, les jeunes ne le lâcheront pas et les parents se replongeront avec délice et nostalgie dans leurs années d’adolescence. Un régal de lecture garanti, à partir de 11-12 ans!Véro, librairie La Boîte à Histoires à Marseille

Un été en apnée – Max de Radiguès – Éditions Sarbacane – Date de parution: mai 2014 – Du même auteur chez le même éditeur: 520 kms (2012) et Frangins (2011)