Epik : «Rouergue vous accompagne sur TOUS vos projets, même si c’est du cyberpunk!»

  • Publication publiée :4 juin 2017
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En septembre 2014, les éditions du Rouergue apportent un nouveau souffle aux romans dédiés à l’imaginaire en créant une nouvelle collection: Épik. Que ce soit fantasy, science-fiction, dystopie ou encore horreur, du récit de Claire-Lise Marguier à ceux de Marine Carteron en passant par ceux d’Alex Cousseau et Valie le Gall, chaque ouvrage nous a séduits. Retour en questions sur cette collection avec Rachel Chéneau (librairie Libr’Enfant) et Olivier Pillé, éditeur aux éditions du Rouergue.
RACHEL CHÉNEAU: Épik?! D’où vient ce nom…?
OLIVIER PILLÉ: Trouver un nom de collection n’est jamais facile, on a toujours cette envie qu’il soit le plus juste et le plus évocateur possible, ça demande du temps et des discussions sans fin. Celui-là n’a pas fait exception puisqu’avec toute l’équipe du Rouergue nous nous sommes lancés dans un brainstorming endiablé! Mais il faut rendre à César ce qui est à César, ce nom c’est Olivier Douzou, notre éditeur album, auteur et directeur artistique, qui l’a imaginé. L’idée de départ était d’avoir une appellation courte, évocatrice et dans la lignée des autres collections de romans. C’était important que ce nom s’intègre dans la galaxie de ceux qui existaient déjà. Et pour cela, il devait y avoir un jeu sur la graphie/sonorité, mais pas gratuit, avec du sens. Après la Doado et la Dacodac, Épik nous a semblé le plus parfait des prénoms pour la petite dernière. Parce qu’en plus du jeu sur la graphie, il évoque le souffle romanesque, le côté épique des grandes sagas littéraires de l’imaginaire, et l’aventure dont on ne connaît pas forcément les frontières. Quand Olivier Douzou nous l’a proposé c’est devenu une évidence, il ne nous restait plus qu’à organiser un baptême du feu de dieu!
RACHEL CHÉNEAU: Pourquoi aviez-vous envie de diversifier vos collections? Simplement pour une raison liée au marché du livre jeunesse aujourd’hui?
  OLIVIER PILLÉ: En fait, il y a eu de nombreuses raisons à la création de cette collection, plus ou moins personnelles d’ailleurs. À l’origine, c’était une envie que j’avais. Au collège, je suis tombé en amour pour Stephen King; cet auteur a débloqué une porte, il y a eu un avant et un après. Du coup, pour payer ma dette à la littérature de l’imaginaire, j’avais ce désir de créer une collection qui mettrait ces genres à l’honneur. Pour mon plus grand bonheur, cela a fait écho avec le catalogue du Rouergue et ses envies de développement. Même si depuis longtemps des titres de genre existaient dans la collection Doado – pour n’en citer que quelques-uns: La brigade de l’œil de Guillaume Guéraud ou Being de Kevin Brooks – le Rouergue n’était pas forcément identifié comme un éditeur publiant ce type de textes. En créant un espace dédié, nous voulions d’abord envoyer un message fort à nos auteurs et à ceux qui souhaitaient le devenir: «Avec cette nouvelle collection, le Rouergue vous accompagne sur TOUS vos projets, même si c’est du cyberpunk!» Dans la foulée, c’était aussi une manière d’attirer l’attention des libraires et des autres prescripteurs sur l’évolution de nos publications, de notre image et des chemins que nous avions envie de suivre. Quant au marché jeunesse, il était certes favorable à la création d’une telle collection mais cela n’a pas été décisif dans notre décision. Les effets de mode vont et viennent, et les littératures de l’imaginaire méritent mieux qu’un opportunisme commercial. En 2013, pour les vingt ans du Rouergue, nous avions choisi pour symbole un arbre, avec cette collection nous voulions lui ajouter une branche, tout simplement.
RACHEL CHÉNEAU: Avez-vous un rythme de publication précis pour cette nouvelle collection?
  OLIVIER PILLÉ: Pas vraiment. Dans la mesure où nous avons un rythme de publication très raisonnable (vingt-cinq romans jeunesse par an pour cinq collections) nous fonctionnons beaucoup au coup de coeur. Cela implique forcément des choix, notamment celui de diminuer ou d’augmenter les publications d’une collection en fonction de la qualité des textes reçus.
RACHEL CHÉNEAU: Recevez-vous beaucoup de manuscrits pour Épik? Allez-vous privilégier les auteurs français aux auteurs étrangers?
  OLIVIER PILLÉ: Je reçois de plus en plus de manuscrits et j’aime croire que c’est le signe que la collection gagne en visibilité! Mais un succès critique et public comme Génération K n’y est pas pour rien non plus, c’est un très bon ambassadeur. Par rapport à nos auteurs, au début de la collection, nous avons publié autant d’étrangers que de français, ça s’est fait comme ça. Nous étions sûrement plus à l’affût, l’envie de donner forme à la collection était forte ce qui, je pense, nous a poussé à nous ouvrir à la littérature étrangère. Mais notre A.D.N. nous pousse à privilégier les auteurs francophones parce qu’ils sont excellents et que l’on peut mener une politique éditoriale sur le long terme et dans l’accompagnement.
RACHEL CHÉNEAU: Quel regard portez-vous sur cette collection après huit romans publiés?
  OLIVIER PILLÉ: Un regard d’amour! Ok, j’exagère un peu… En tout cas, il y a une vraie magie dans la réalisation d’une idée. Nous sommes partis avec l’envie d’ouvrir un nouvel espace pour nos auteurs et en un peu plus de deux ans, ils se le sont approprié, c’est juste génial. Plus concrètement, après huit livres, je regarde surtout le chemin parcouru et je constate avec plaisir que la collection affirme son identité au niveau des textes mais aussi graphiquement. Les couvertures, par exemple, ont opéré une mutation assez radicale. La rencontre de l’univers de Marine Carteron et de Patrick Connan (l’illustrateur) a fait évoluer la maquette et quand on regarde les dernières parutions, on se dit: «Voilà, c’est à ça qu’elle doit ressembler!»
RACHEL CHÉNEAU: Et si je vous demande de nous parler d’un des derniers titres de la collection, et d’un seul?
  OLIVIER PILLÉ: C’est la question torture pour un éditeur! Mais bon, il y en a un dont j’aimerais parler en particulier, c’est le second et dernier tome de Parmi les vivants, sorti le 5 avril. En plus d’être un projet aux origines superbes, un couple d’amoureux qui écrit une romance fantastique, Valie le Gall et Alex Cousseau, sont arrivés à mélanger les genres avec beaucoup de subtilité. Croiser comme ils le font le roman adolescent et un gothisme revivifié, j’adore. Des humains qui s’aiment, des fantômes qui s’aiment et une ambiance tout en brume, en pleine lune et en nature mystérieuse, que demander de plus?!

Propos recueillis par Rachel Chéneau, Librairie Libr’enfant à Tours