Hilda, de Luke Pearson – lu par les librairies La Sardine à Lire et Tropismes

Avant d’être proposée par Casterman et tout juste couronnée par une Pépite BD du Salon du Livre et de la Presse Jeunesse, la série Hilda était publiée par les éditions Nobrow. Elle avait été repérée à l’époque par la librairie La Sardine à Lire  : «Hilda est une petite fille qui vie seule avec sa maman dans une maison perdue au milieu de la nature. Elle adore dessiner, elle voit des choses que les autres ne voient pas. Trois tomes d’Hilda sont déjà disponibles. On y découvre un monde magique peuplé d’êtres étranges, des pierres qui bougent ou des êtres minuscules…» Ci-dessous la présentation du dernier tome lauréat des Pépites: Hilda et le Chien noir.

Quatrième tome inédit de la série, Hilda et le chien noir est paru aux éditions Casterman au mois d’avril. La série de l’auteur britannique Luke Pearson avait d’abord été publiée par les éditions londoniennes Nobrow, avant qu’elles n’arrêtent récemment de traduire leurs livres en français. C’est Casterman qui a racheté les droits d’Hilda. Hilda et le troll, Hilda et le géant de la nuit et Hilda et les parade des oiseaux ont été réédités au mois d’août.

Et on peut dire qu’il s’en est passé des choses depuis la première apparition de notre petit héroïne aux cheveux bleus dans Hilda et le troll paru en 2010 sous la forme d’un petit livre agrafé de 24 pages. Hilda a fait du chemin, et son créateur aussi.

Dans cette nouvelle aventure, Hilda qui a du déménager en ville, après avoir vécu au milieu des grands espaces, doit se faire à sa nouvelle vie. Elle vit désormais dans un petit appartement de la ville de Trollbourg, avec sa mère et son fidèle Brindille.

Pour qu’elle puisse s’épanouir au grand air et se faire de nouveaux amis, sa mère lui propose de rejoindre la patrouille des moineaux, sorte de troupe scoute locale, qu’elle a elle-même fréquentée enfant. Poussée par sa curiosité naturelle et ne voulant pas décevoir sa mère, elle se joint au groupe, persuadée qu’une nouvelle aventure l’attend. (…)

Ce nouveau tome montre une Hilda encore plus résolue. Son personnage a pris de l’épaisseur depuis l’esquisse des débuts. Elle est plus complexe et ressemble de plus en plus à une petite fille d’aujourd’hui, avec ses doutes, ses envies, ses angoisses et son humour. Comme beaucoup d’enfants, Hilda sait observer, elle voit des choses que les adultes ne voient pas, c’est comme ça qu’elle découvre toutes ces créatures qui sont invisibles à nos yeux. (…)

Le personnage de la mère, est aussi extrêmement touchant. Elle a ce côté bienveillant, parfois inquiet, mais elle fait toujours confiance aux décisions de sa fille et sait lui accorder son indépendance.

Luke Pearson crée un univers finalement assez réaliste qu’il parsème de petites touches fantastiques. On le sent influencé par les Moomin de Tove Jansson et par les mythologies scandinaves en général. On retrouve d’ailleurs l’esprit d’aventure et la bonne humeur propre à la famille Moomin.

Graphiquement le travail de Luke Pearson a énormément évolué. Physiquement Hilda a beaucoup bougé depuis le premier album. Son visage s’est arrondi, son nez est plus ramassé, ses yeux se sont considérablement agrandis. C’est tout le dessin de Pearson qui a évolué. Il semble plus fluide, moins laborieux, moins rigide, toujours en mouvement. Il y a aussi un petit côté Peanuts dans les attitudes et les expressions des personnages. La mise en couleur est sublime, sa palette de tons un peu passés colle vraiment bien à l’univers et à l’histoire.

Pearson cherche la lisibilité, il n’hésite pas à multiplier les cases pour qu’on comprenne bien la scène. Il y a aussi un gros travail sur la mise en page. La taille des cases change constamment, elles se superposent, prennent des formes originales. Ce procédé dynamise la lecture sans jamais brouiller la compréhension.

Quant à l’objet, il est très réussi. On peut se réjouir que Casterman reste dans la continuité de Nobrow en ce qui concerne la fabrication. Ils ont gardé le dos toilé, le papier mat de couverture avec un vernis sélectif.

Je pense que c’est un album qui mettra tout le monde d’accord, parents et enfants. Luke Pearson a l’air de se bonifier avec le temps, vivement le prochain Hilda, donc!!

Thalie, librairie Tropismes à Bruxelles – lire l’intégralité de la critique sur son site.

Hilda et le chien noir – Luke Pearson – Éd. Casterman – coll. Univers d’auteurs – Date de parution : avril 2014